CADRES

Édito : Managers et encadrants en première ligne face au COVID !

Les managers, et plus largement les cadres, continuent d’être soumis à rude épreuve. Aujourd’hui, ils assurent la reprise de l’activité… Plusieurs semaines après le début de la crise liée au coronavirus, les missions managériales et d’encadrement restent largement « hors normes » par rapport à l’avant 16 mars 2020 !

Si l’employeur est responsable devant la loi de la santé et de la sécurité des salariés, l’encadrement est un levier essentiel pour élaborer, ajuster et mettre en œuvre l’activité tout en assurant la prévention au plus près de la réalité du terrain.

Dans une période où l’étendue de la menace fut incertaine, où les spécialistes nationaux comme internationaux tâtonnaient et hésitaient quant aux mesures nécessaires, La Poste a refusé aux postières et postiers le temps d’adapter au mieux la continuité de l’activité. « Tout s’est fait en chemin ».

L’organisation du travail en situation de crise nécessite un redimensionnement régulier de l’activité et donc des effectifs, il faut constamment prioriser les services à rendre selon les possibilités du moment. Le soutien des équipes a été primordial au regard de ces modes d’organisations dégradés et changeants.

Aujourd’hui, la reprise d’activités s’accompagne d’une priorité majeure, le maintien de la prévention du risque de contamination. à Force Ouvrière, nous revendiquons le soutien et la reconnaissance des acteurs de l’encadrement. Cela passe en particulier par l’écoute des acteurs de la proximité managériale.

Acteurs à tous les niveaux de La Poste, vous êtes présents dans tous les métiers et tous les services. En première ligne pour organiser, expliquer, renseigner, rassurer et soutenir les personnels, que vous soyez encadrants, managers, dirigeants, vous devez assumer des décisions parfois contradictoires, souvent sans les moyens nécessaires pour les faire appliquer. Les responsabilités sont majeures et votre reconnaissance mineure.

Restaurer le rôle et la place des cadres dans l’entreprise, rétablir l’équilibre entre contribution et rétribution ainsi que remettre du collectif là où prévaut l’individuel, tels sont les engagements et les actions de FO Com pour que soit reconnu à sa juste valeur votre engagement.

Contrat de présence postale territoriale: Garder le contact, payer le Service public !

Le contrat de présence postale territoriale 2020-2022 signé entre l’Association des Maires de France (AMF), L’état et La Poste définit les obligations de La Poste en matière de présence postale sur le territoire français.

De par la loi du 2 juillet 1990, La Poste à l’obligation de  maintenir et d’adapter un réseau d’au moins 17 000 points de contact ; tout en garantissant à 90% de la population une proximité de moins de 5 kms ou de 20 minutes en voiture.

Pour se faire, La Poste perçoit une compensation financière annuelle versée sur un fonds dédié, dit de péréquation territoriale. Mais ce fonds reste inférieur au coût réel de la mission. En 2018, l’écart était de 60M€. La contrainte financière est donc forte, d’autant plus forte que La Poste, devenue SA en 2010, se doit de répondre à des exigences de rentabilité.

Le contrat définit des priorités pour 2020-2022 autour de 4 thématiques que sont le numérique, la contribution à l’aménagement et au développement du territoire, le soutien à la mutualisation et le développement des partenariats ainsi que l’amélioration à l’accès au cash. Par ailleurs, il réaffirme le rôle du maire, priorise les DOM, les territoires ruraux et les quartiers urbains défavorisés. Il  contribue à l’inclusion numérique et consolide le rôle des Commissions Départementales de Présence Territoriale (CDPPT).

Le renforcement du rôle du maire va permettre aux élus d’avoir la main dans les territoires ruraux, notamment sur les formes de la présence postale en restant « maître » de celles-ci dans les communes de plus de 10000 habitants. Mais il est bien évident que les marges de manœuvre sont étroites. La Poste continuera à appliquer la politique territoriale de l’état et de son bras armé, la Caisse de Dépôts et Consignation.

Où en sommes-nous de cette présence postale territoriale ?

Au 31 décembre 2018, La Poste comptait 17 238 points de contact permettant à 95,67% de la population d’être à moins de 5 km ou moins de 20 mn d’une forme de présence postale. Mais cela ne veut pas dire que chaque citoyen est égal devant le service postal, loin s’en faut. Sur un total de 17 238 points de contact, seuls 8 144 sont des bureaux de poste qui, eux-mêmes, n’offrent pas des services identiques.

Ainsi, le réseau se compose aujourd’hui :

  • de bureaux de poste (BP), appellation générique qui recouvre les BP « classiques », les Maisons de Service Au Public (MSAP)/Maisons France Service (MFS), les bureaux facteur-guichetier et les bureaux quartiers prioritaires ;
  • de partenariats : Agence Postale Communale et Intercommunale (APC/API), Relais Poste Commerçant, Relais Poste Urbain, Relais « économie Sociale et Solidaire Service + ».

Sur le plan quantitatif, cela donne la répartition suivante au 31 décembre 2018 et hors DOM :

  • 17 238 points de contact au total ;
  • 9094 partenariats (52,8% contre 48,5% fin 2016), à savoir 6 337 agences postales, 2757 relais poste ;
  • 8144 bureaux de poste : 504 MSAP, 922 bureaux facteur-guichetier, 481 bureaux quartiers prioritaires.

Le réseau des DOM est, quant à lui, composé de 255 points de contact dont 205 BP, 33 AP et 17 RP.

presencepostale1Ainsi, pour atteindre l’objectif des 17 000 points de contact, La Poste s’est tournée depuis quelques années vers les partenariats ; une façon de répondre à la fois à ses obligations mais aussi à la rentabilité qu’on lui demande. Mais un relais commerçant, une agence postale communale ou autres pseudo-bureaux ne rendent pas le même service. Les disparités et différentes formes de points de contact, n’offrant ni les mêmes services ni les mêmes horaires d’ouverture, créent une rupture d’égalité, remettant en cause le service public tout en fragilisant la pérennité des activités postales et bancaires.

Concernant « l’évolution du statut des points de contact», il est écrit dans ce nouveau contrat que l’offre de services postaux s’appuie sur la complémentarité des différentes formes de présence postale. Et les contributeurs de citer les sites de logistique urbaine et « pick-up services » et formes innovantes de type « espaces nomades ». Faut-il comprendre qu’une consigne où l’on vient récupérer son colis est un point de contact ?

Tous confondus, ils sont près de 11 000 à être éligibles au fonds de péréquation. Pour 2020-2022, la méthode de calcul et les systèmes de pondération mis en œuvre vont très significativement prioriser les DOM et les bureaux situés dans les QPV (Quartier Prioritaire de la Ville).

Maison France Services : quelle offre postale ?

presencepostale2A ce jour, La Poste détient 504 Maisons de Service Au Public, qui seront majoritairement transformées en Maisons France Service. L’objectif de l’état est d’en ouvrir 2 000 d’ici 2022. La part du fonds consacrée aux MFS est donc à la fois contrainte et vouée à prendre une proportion de plus en plus grande au sein d’un budget qui lui n’augmentera pas.

En créant les MFS, le gouvernement veut combler un « vide républicain » dénoncé, au travers des récentes frondes populaires, par une population exclue des services publics, que ce soit en milieu rural ou en périphérie des villes.

Officiellement prévues pour mieux répondre aux attentes des citoyens, les MFS sont soumises à des critères d’exigence : locaux adaptés, heures d’ouverture en adéquation avec les besoins, confidentialité ou encore formation spécifique des agents qui devront être deux par site et répondre en 72 h maximum aux citoyens.

Pour obtenir le label « France Service », il faudra proposer a minima les services relevant de 6 organismes : Caisse d’Allocations Familiales, Ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Finances Publiques, Caisse Nationale d’Assurance Maladie, Caisse nationale d’Assurance vieillesse, Mutualité sociale agricole, Pôle emploi, et bien sur La Poste dont l’offre comprendra notamment les prestations suivantes : informer sur le bureau de poste le plus proche et ses horaires, renseigner sur les affranchissements disponibles, remettre des lettres et colis en cas de point de retrait au sein de la maison France Services, accompagner dans les contrats de réexpédition du courrier ou encore assurer la garde du courrier et les abonnements mobilité.

Toutes les prestations, notamment bancaires, ne seront pas assurées dans les MFS. Aussi, pour FO Com, l’initiative risque, une fois de plus, de ne pas atteindre l’objectif attendu. Déjà, en créant les maisons de service « AU » public en lieu et place de Maison de Service Public initialement prévues, l’État a changé l’esprit républicain de cette initiative. Ces maisons qui devaient assurer le service public se transforment davantage en « relais d’informations pour les citoyens » qu’en véritables services de l’État. Avec les MFS, l’histoire risque de se répéter….

Et demain, quel avenir pour le service public postal ?

Bien sûr, la désertification rurale, l’explosion des nouvelles technologies, l’évolution des modes de consommation, de déplacements font que le service public se doit d’évoluer. Qu’ils soient sociétaux, technologiques ou numériques, les besoins des citoyens changent.  Cela ne veut pas dire qu’il faille les minimiser.

C’est la raison pour laquelle FO revendique depuis maintenant plusieurs années un état des lieux des services publics et un recensement des besoins pour redéfinir ce que doit être le service public de demain. Et cette redéfinition doit s’inscrire dans les valeurs de la République. C’est ce débat que FO réclame depuis des années : l’inventaire des besoins en la matière, que ce soit pour la Poste ou les autres services publics. Quelle que soit sa forme et son domaine, le service public doit être « partout, pour tous ».

presencepostale3Que l’on ait des craintes ou pas, la question centrale reste le financement. 177 M€ par an maximum : c’est le montant de la dotation du fonds de péréquation jusqu’à 2022. À ce niveau, la compensation financière reste certes stable depuis 2016, mais ce n’est pas le cas du coût réel de la mission, plus fluctuant et estimé supérieur par l’Autorité de Régulation des Communications électroniques et des Postes (ARCEP) et par La Poste elle-même. Une partie non négligeable de la mission de service public reste à la seule charge de l’entreprise. Cet écart était de 60M€ en 2018, une somme non négligeable dans les comptes de l’entreprise.

Ne pas financer le coût total du service public postal risque de transformer ce contrat en une liste de bonnes intentions. Or, dans le cas présent, c’est un investissement humain et républicain et non un luxe.

Les quatre missions postales que sont l’aménagement du territoire, l’accessibilité bancaire, la distribution de la presse et le service universel (distribution du courrier 6 jours sur 7) concourent à ce lien social dont on a (re)découvert la valeur et l’importance ces derniers mois.  Au-delà du rôle social, ces missions sont également un levier de développement sans équivalent pour La Poste qui peut ainsi déployer à la fois son offre historique et ses nouveaux services.

Sans être ambitieux, le contrat de présence postale territoriale a le mérite de démontrer que l’Etat et les élus considèrent le service public postal comme indispensable. La commission départementale de la présence postale territoriale (CDPPT) au niveau local et l’observatoire au niveau national assurent la gouvernance de ce contrat. Pour la première fois, elle est renforcée par une mesure « satisfaction-clients-élus-partenaires ». Il est à souhaiter que cette gouvernance veille au respect de ce texte dans l’intérêt des citoyens-clients et de La Poste bien évidemment. Pour FO Com, il ne s’agit pas de se contenter d’un simple bâtiment avec un logo jaune mais bien d’un véritable service public, garant de l’égalité des citoyens et de la présence de la République sur tout le territoire. Transformer ne doit pas conduire à mettre en place une poste à plusieurs vitesses et sacrifier la qualité de service due à tous les clients sur tout le territoire. La nation a besoin d’un service public postal adapté et solide. La crise que nous venons de traverser nous l’a démontré à plus d’un titre.

Quoi de neuf sur le statut des cadres ?

En mars dernier FO signait l’A.N.I (Accord National Interprofessionnel), un accord qui permet de sécuriser la définition du statut des cadres en se référant à la définition de l’OIT (Organisation Internationale du travail) dans ce domaine. Ainsi, l’occasion est donnée de restaurer le rôle et la place de l’encadrement dans l’entreprise. Cet accord est d’autant important que les modifications des organisations du travail, la montée du numérique et du télétravail banalisent l’identité professionnelle des encadrants et managers.

Avec sa signature, FO entend ainsi poursuivre son action dans l’accompagnement des cadres en défendant leurs intérêts sans pour autant les opposer aux autres catégories de personnel.

Pour en savoir plus :

Les soft skills : Arme de gestion RH à la « tête du client »

Les soft skills, c’est le nouveau nom donné aux « compétences comportementales » ou « savoir-être », que tout salarié est présumé posséder. Des « compétences » censées permettre aux salariés de s’adapter et de bien se comporter partout… Tous ces « soft skills » ont un point commun : la grande difficulté à être évaluée de manière rationnelle.

En janvier 2020, l’enquête LinkedIn Learning présente bien l’esprit d’équipe comme une des cinq soft skills les plus recherchées par les employeurs. Mais elle met aussi en avant la gestion du temps, la persuasion, la rédaction et la créativité, l’adhésion à la politique de l’entreprise. « Ces notions se distinguent par leur caractère subjectif et leur imprécision. Elles sont suffisamment vagues pour permettre tout et n’importe quoi en matière de gestion des ressources humaines et peuvent être par exemple utilisées pour habiller un licenciement douteux ».

« On assiste à la multiplication des critères comportementaux dans les évaluations professionnelles depuis 10 ans. Ces critères sont subjectifs, non quantifiables et propices à une évaluation arbitraire… »

Quels sont les problèmes soulevés par les soft skills ?

D’abord, elles ont tendance à sortir les compétences techniques des critères d’évaluation. Or celles-ci sont mesurables et quantifiables, alors que les soft skills échappent à ces règles et sont au contraire susceptibles de laisser libre cours à une hyper subjectivité de l’évaluation.

Par exemple, un manager proactif va exiger plus de proactivité de la part de ses collaborateurs qu’un manager moins sensible à cette notion, alors qu’il n’y a pas de norme possible en la matière. Enfin, les soft skills sont transversales. C’est-à-dire qu’elles sont valables pour tout le monde, quel que soit le métier et les compétences techniques mises en œuvre.

Cette exigence identique pour tous accroît la perte de sens ressentie par les salariés…

L’homme étant un animal social, les savoirs-être et comportements individuels sont importants dans la vie de tous les jours, et pas seulement au travail. « Mais attention, ne laissez pas dire qu’il s’agit de compétences », avertit Tanguy d’Orange, expert chez Syndex, un cabinet de conseil aux élus. Et d’affirmer que « lorsqu’un manager ou une direction a besoin de compétences techniques,  ils savent les reconnaitre et les rémunérer correctement.» Mais curieusement, les soft skills s’imposent souvent quand les métiers s’appauvrissent sous les coups des systèmes experts.

Retrouver le dossier spécial sur les soft skills dans le numéro spécial de la lettre FO cadres n°176 : [Lire la lettre des cadres n°176]

Cadres en crise…

Une direction d’abord dans le déni, ensuite dans le choix du coûte que coûte pour répondre aux injonctions du Gouvernement et de la presse, et enfin dans la stigmatisation en soulignant que les postiers ont été payés à 100%… bonjour les sous-entendus !

La crise sanitaire aura agi comme un révélateur… et les masques sont tombés.

À grand renfort de communication, nos dirigeants ont convoqué toute la thématique de l’utilité sociale, de la grandeur du Service public et de l’héroïsme de ses agents. Cette littérature est revenue aussi vite qu’elle était sacrifiée, au quotidien, sur l’autel de la performance et du progrès économique…

Mais à FO, nous sommes pragmatiques. On demande à voir, et on a vu !

On a vu une direction, coincée entre les diktats du politique et les exigences de l’économie, changeant de pied chaque jour. On a vu et entendu une direction minimiser les besoins, ergoter, relativiser. On a vite compris qu’on n’avait pas vraiment les mêmes priorités. Priorité au traitement des flux, à la presse nationale, régionale, aux colis… Priorité à l’ouverture des bureaux, coûte que coûte…

Alors FO est intervenue sans cesse de façon responsable, sans brandir de menaces mais avec fermeté, pour obtenir des garanties et des messages clairs à la hauteur de la situation exceptionnelle que nous traversons. Ce dialogue, nous l’avons quotidiennement exigé et nous avons obtenu des engagements, des décisions sur la protection des postiers, sur leur santé et leur sécurité. Pour FO, ces éléments n’étaient pas négociables. Nous les avons relayées, expliquées. Mais en période de confinement, il a fallu réinventer notre communication vers le terrain.

Et sur le terrain en première ligne, cadres opérationnels et cadres fonctionnels se sont trouvés au carrefour des contradictions de l’entreprise. Cadres opérationnels désorientés au milieu des ordres et contre-ordres, des injonctions contradictoires quand elles n’étaient pas contredites… Cadres fonctionnels mal préparés, mal outillés parfois, souvent isolés…

Comme FO, les cadres sont pragmatiques. En première ligne, ils sont souvent les derniers informés. Vous avez dit circuits courts ? Responsables d’équipes, d’hommes et de femmes, en charge de leur santé et de leur sécurité, ils ont dû alors s’adapter, faire avec – ou faire sans -, assurer la continuité postale sans risquer leur santé et celle de leurs équipes. Injonctions contradictoires, exigences contradictoires, comment s’y retrouver seul ?

Quant aux cadres fonctionnels, sans animation pertinente et rationnelle, ils ont dû fonctionner sans repères, en télétravail. Alors ils s’interrogent… Quel appui apporter? Comment aider, comment informer à distance ?

Au final, les cadres sont fatigués. Fatigués physiquement en raison de la présence et de l’engagement qu’ils ont dû fournir pour soutenir leurs équipes. Mais fatigués aussi de se sentir démunis, dépassés, isolés et inécoutés.

FO est à l’écoute des cadres. Avec eux, FO veut construire dans l’entreprise et au plus près de leur activité, le progrès social, responsable, solidaire, enrichi par la dimension humaine que les cadres incarnent et font vivre.

La crise approchait alors que La Poste s’interrogeait sur son futur et sa raison d’être. Pour Force Ouvrière, la dimension humaine doit être placée au centre de cette réflexion pour dessiner La Poste de demain : La Poste solidaire au service de toutes et tous.

Résilients mais pas résignés ! FO défend les cadres