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Le facteur, acteur du Service public de demain !

Alors que la dématérialisation des démarches administratives est prévue pour fin 2022, les communautés de commune cherchent de nombreuses solutions pour lutter contre l’isolement de certains de leurs administrés en matière de numérique.

Quelles que soit les difficultés rencontrées, pas d’accès aux outils, incompréhension du « jargon » informatique, désarroi face à une telle évolution, l’une des solutions est de mettre en place des « ateliers » de formation. Et qui mieux que le facteur, acteur de proximité et apprécié de la population, pour jouer le rôle indispensable de médiateur entre personnes désarmées et organisateurs de ces ateliers ?

Près de Toulouse, c’est le choix qui a été fait : le facteur remet, au nom de la commune, un questionnaire à ses clients afin de réaliser une étude et recenser les besoins de la population en la matière.

Pour La Poste, c’est un moyen de maintenir le passage du facteur. A l’heure où la lettre à distribuer se fait de plus en plus rare, les nouveaux services sont les bienvenus.

Pour FO Com, ces nouveaux services doivent s’inscrire dans les missions de Service public et donc dans la raison d’être de La Poste. Facteur de cohésion sociale, la lutte contre la fracture numérique telle que pratiquée près de Toulouse répond à ces critères. Bien évidemment La Poste doit se donner les moyens humains et financiers pour que ces nouvelles activités ne soient pas qu’un épiphénomène mais bien une évolution salutaire pour la pérennité du métier de facteur.

Ne pas faire n’importe quoi à n’importe quel prix mais répondre aux besoins des citoyens… Le Service public tout simplement.

Maisons France Services : et le Service public dans tout ça ?

Afin d’implanter des guichets uniques dans les zones rurales et les quartiers sensibles, 2 000 maisons « France services » vont voir le jour d’ici 2022. Cette création est la continuité de la mise en place des 1 300 maisons de service au public (MSAP), créées principalement par La Poste pour pallier au recul des services de l’état dans les territoires, notamment ruraux.

Si on ne peut que louer cette volonté « de bon sens » c’est-à-dire redonner l’accès à tous les citoyens en matière de Service public, FO craint que l’initiative risque, une fois de plus, de ne pas avoir le but que l’on pourrait attendre. Au départ, en transformant les maisons de service public en maison de service AU public, l’État avait déjà changé l’esprit républicain de cette initiative. Ces maisons qui devaient assurer le service public ont été transformées plus en « relais d’informations pour les citoyens » qu’en véritables services de l’État.

Bien sûr, qu’ils soient sociétaux, technologiques ou numériques, les besoins des citoyens évoluent. C’est la raison pour laquelle FO demande depuis maintenant plusieurs années un état des lieux des services publics et un recensement des besoins pour redéfinir ce que doit être le service public de demain. Cependant, cette redéfinition doit s’inscrire dans la République.

Concernant le service public postal, il convient plus que jamais d’associer le réseau de la distribution à celui des bureaux de poste pour renouer les liens sociaux et économiques qui se dénouent sur nos territoires.
Car il est essentiel de garder à l’esprit que le Service public a des missions bien définies, et qu’il doit être le même partout et pour tous. Quand la ministre parle de « cousu main », ou quand on considère que les cafés associatifs pourront investir les lieux, on s’éloigne de cette notion de présence républicaine et des services s’y attenants avec des fonctionnaires assermentés.

Pour FO, avec les maisons France Services, le Service public a encore du plomb dans l’aile et les citoyens du souci à se faire.

Maillage des services publics sur le territoire : un sujet majeur pour les maires

Avec l’accélération des modifications des horaires et/ou des fermetures de bureaux de poste, de plus en plus d’élus locaux se mobilisent et n’hésitent pas à faire savoir par voie de presse leur colère face à cette casse du Service public. Souvent argumentée par La Poste « au doigt mouillé », un nombre important de maires ne trouve pas de lien entre ces décisions et la présence d’un Service public de proximité instauré dans une République. Et pour cause, la perte de services publics peut influer sur la démographie et par la suite, sur l’économie des communes.

Ces évolutions auraient également un impact sur les populations les plus fragiles, étant dépendantes des services publics. Lors de la 102ème édition du Congrès des Maires de France, qui s’est déroulé du 19 au 21 novembre 2019, les élus ont fait part de leurs difficultés et de leurs inquiétudes par rapport au réseau France services, tant en terme de moyens humains que de moyens financiers.

Investir, c’est avant tout assurer un service public de qualité!

Suite à la publication des résultats du premier semestre 2019 et aux économies envisagées pour 2020 (300 millions d’euros) afin de maintenir un investissement élevé, les annonces du PDG de La Poste sont inquiétantes. En effet, ces économies se feraient, entre autres, au détriment de l’emploi et, par conséquent, des conditions de travail des postiers.

Et pourtant, déjà trop de postiers travaillent dans des conditions déplorables et de nombreux établissements ne sont plus en mesure d’assurer un service public de qualité. Des emplois en moins accentueraient ce mauvais climat social…

Pour FO, l’investissement ne doit pas devenir l’ennemi de l’emploi ! Investir, c’est redonner de confiance dans l’avenir pour chaque postier. Investir, c’est penser juste pour éviter toutes dérives budgétaires. Et investir, c’est aussi et surtout assurer une présence postale sur l’ensemble du territoire. C’est donner à La Poste les moyens d’assurer ses missions de service public sur le long terme !

Absence postale et MSAP

La présence postale est de plus en plus déplacée dans les agences postales et les relais poste commerçants. Actuellement, sur les 17 558 points de contact de La Poste sur tout le territoire, il n’y a plus que 8 161 bureaux de poste, le reste se partageant entre les 6 434 agences postales et les 2 963 relais poste commerçants. D’ici la fin de l’année, La Poste devrait avoir renégocié sa présence territoriale avec l’État et les maires. Et la tendance est à une accélération de la fermeture des bureaux de poste !

Depuis le début de l’année, 170 bureaux de poste ont fermé, et si le rythme se maintient, cela représentera 400 bureaux cette année ! À l’horizon 2023, seulement 5 300 bureaux de poste resteraient ouverts (600 fermetures par an). Les services proposés par les autres formes de présence postale ne permettent pas le retrait 24H/24H à un distributeur de billets, ni de rencontrer un conseiller financier. La non-accessibilité à ces services va donc encore augmenter les inégalités sur le territoire.

Le rapport de la Cour des Comptes sur « l’accès aux services publics dans les territoires ruraux » publié au mois de mars est très sévère avec la fréquentation et les services rendus par les 494 Maisons de Service au Public (MSAP) portées par La Poste. Elle reproche à La Poste d’implanter des MSAP sans ni tenir compte des besoins des usagers, ni tenir compte de l’avis des élus. Elle prétend que les MSAP Poste sont celles qui rendent le moins de service et qu’elles restent très ancrées dans le développement commercial de l’entreprise.

Encore une fois, la Cour des Comptes, motivée par une logique libérale, pointe du doigt les choix d’implantation de La Poste sans préciser son mode de fonctionnement. Rappelons que les MSAP sont financées à 50 % par La Poste et à 50 % par le fond de Péréquation. Ce que ne dit pas la Cour des Comptes, c’est que le financement par l’État des services postaux est insuffisant et ne permet pas à l’entreprise d’offrir un Service public digne de ce nom.

FO Com s’oppose au démantèlement des Services publics et à la fermeture des bureaux de Poste. Pour FO, la présence postale doit avant tout se traduire par l’ouverture de bureaux et non leurs fermetures ! Les MSAP n’étant qu’un substitut pour pallier le manque d’implantation des services publics (impôts, Pôle Emploi, CAF, Assurance maladie, Assurance Retraites…).