Après les accords sociaux signés pour les chargés de clientèle et pour l’ensemble de la ligne commerciale bancaire, il est plus qu’urgent, pour FO, de se pencher sur les conditions de travail, les parcours et les évolutions professionnelles des managers du
réseau. Par managers du réseau, nous entendons les directeurs de secteur (DS), les responsables de clientèle des particuliers (RC PART), les responsables de l’espace commercial (REC) et les responsables d’exploitation (RE). Chacun s’est vu investi de missions qui ont évolué au fil du temps. C’est pourquoi nous avons demandé à la Direction de La Poste de bien vouloir ouvrir des négociations pour cette population mise à mal depuis leur prise de fonction le 1er janvier 2016.
Manque de moyens, manque de reconnaissance professionnelle et financière, un travail souvent effectué dans l’urgence, l’état d’esprit de ces personnels est loin d’être au beau fixe. Et rien ne saurait justifier qu’ils restent sur le bord du chemin alors qu’on leur répète constamment le caractère prépondérant de leurs fonctions pour le développement commercial.
Pour FO, le syndicat de TOUS les Postiers, nous revendiquons des améliorations salariales et d’exercice pour ces managers qui ont besoin d’un cadre pour évoluer et donner envie à d’autres de s’investir sur ces fonctions.
COMPLÉMENT POSTE,
une victoire pour tous !
Le complément Poste1 a été mis en place par décision de La Poste en 1993 et 1994 pour les fonctionnaires et élargi aux salariés de droit privé en 1995. Dans le bulletin des ressources humaines (BRH) du 4 mai 1995, est mentionné que le complément Poste rémunère le niveau de fonction/grade, la maîtrise du poste et le bilan annuel de l’entretien d’appréciation. En 1999, la justice prud’homale a été saisie dans tout le pays pour inégalités de versement et de traitement suivant que l’on est fonctionnaire ou salarié. C’est un arrêt de la Cour de cassation en février 2009 qui a considéré que La Poste ne pouvait pas justifier une différence de traitement en s’appuyant sur une différence de statut. Derrière le slogan : « à niveau de fonction égal, complément Poste égal », FOCom a lancé une campagne nationale sur l’égalité des droits en déposant 5400 dossiers.
En février 2013, la Cour de cassation a donné raison à FOCom dans une série d’arrêts enjoignant à La Poste de trouver d’autres raisons que la seule différence d’ancienneté et/ou historique de carrière comme justification à un traitement différent.
Cette orientation a de nouveau été confirmée par la Cour de cassation lors de séries d’arrêts en décembre 2015, janvier et février 2016.
En date du 12 octobre 2017, la Cour d’appel de Paris a rendu un jugement donnant satisfaction à 1 530 collègues que notre Fédération avait défendus, ce qui représente plus de 8 000 000 d’euros de rappel de complément Poste, auxquels il faut rajouter quelques 2 400 000 euros confirmés par les arrêts de Cassation. Reste à savoir si La Poste, qui vient de changer de DRH, décidera de se pourvoir en cassation. Le combat n’est pas terminé. À ces différents arrêts en cassation et en appel, il faut ajouter les 2 400 dossiers encore dans les circuits de la justice prud’homale. Les deux prochaines audiences annoncées devant la Cour d’appel en avril et novembre 2018 concerneront plus de 850 collègues.
Aujourd’hui, 2010 dossiers ont été gagnés en Cour de cassation et Cour d’appel pour un montant de 10400000 €.
1 Complément Poste qui n’existe plus depuis la signature par la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, la CGT et l’UNSA, d’un accord le supprimant pour le remplacer par un complément de rémunération.
INTERVIEW Stéphane Lamarque, préventeur et militant FO COM
Préventeur et militant FO COM, Stéphane nous expose sa vision de L’entreprise et les actions que Force Ouvrière va mener pour que La santé à la Poste devienne une Priorité.
J’ai côtoyé des personnes très engagées sur le plan professionnel quel que soit leur métier.
Quel est ton parcours ?
Technicien à France Télécom, sur le site d’Aubervilliers, j’ai adhéré à Force Ouvrière en 1986, à l’âge de 22 ans. L’indépendance de ce syndicat et le respect des valeurs républicaines qui y règnent m’ont donné envie de militer. D’autant plus que FO menait des actions dynamiques auprès des jeunes de ma section (commission jeunes, actions de communication, etc.).
En 1990, alors responsable local, j’ai été muté au centre de tri des colis de Bordeaux-Armagnac. En 1994, c’est la période des reclassifications à La Poste et aussi l’ouverture de la première plateforme Colis à Bègles. C’est dans ce contexte que je me suis impliqué au sein de la section locale (membre du CHSCT, élu aux CAP, négociateur d’accords locaux lors du passage aux 35 heures).
À 42 ans, après un conflit avec ma hiérarchie, je me suis remis en question et j’ai décidé de réorienter ma carrière en devenant préventeur à la Direction Opérationnelle Territoriale du Courrier Aquitaine Nord.
En 2014, alors préventeur au Colis, j’ai rencontré François Lefebvre qui m’a associé aux négociations et aux bilatérales dédiées à la refonte de la filière Prévention de la Branche Courrier-Colis.
Quelle vision de La Poste as-tu en tant que préventeur et syndicaliste ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que c’est une entreprise très riche humainement. J’ai côtoyé des personnes très engagées sur le plan professionnel quel que soit leur métier.
Avec le recul de plusieurs années, je suis persuadé qu’il existe un gâchis humain et financier provoqué par l’absentéisme à La Poste. En comparant La Poste avec d’autres entreprises de main d’œuvre, ce phénomène est bien plus important. Pour moi, La Poste doit mener des actions concrètes pour endiguer cet absentéisme dont les causes sont multiples : forte accidentologie, TMS, inaptitude, dégradation des conditions de travail… Si les constats sont partagés, il y a encore beaucoup de chemin à faire pour passer à plus d’efficacité.
Depuis ma prise de fonction chez FO Com, en plus de l’absentéisme, les autres faits marquants sont les dysfonctionnements de certains CHSCT locaux et l’ampleur des risques psychosociaux aussi bien au Courrier que dans le Réseau et toutes les autres activités de La Poste.
Quelles actions FO comptes-tu mener durant les prochains mois ?
Dans la continuité de ce qu’avait entrepris François, je dois être disponible et être un soutien actif au service du terrain et des secrétaires départementaux.
Il y a quelques semaines, des médecins du travail de La Poste ont rejoint le syndicat Force Ouvrière. Mon objectif, c’est d’arriver à fédérer tous les acteurs de la santé au travail : infirmiers, préventeurs, assistants sociaux… Ces acteurs-là sont aussi parfois confrontés à des difficultés de terrain. Ils ont besoin de pouvoir se défendre, d’échanger et de se rassembler autour de projets communs comme par exemple, le respect de leur indépendance.
FO demande plus de moyens humains dans les bureaux de poste
Entre décembre 2015 et décembre 2016, ce sont 3 000 postiers comptabilisés en moins au Réseau, dont 1 500 chargés de clientèle (soit un par secteur). Les bureaux continuent de fonctionner tant bien que mal avec le soutien de l’encadrement au guichet et de l’intérim. FO considère que cette situation est non seulement préjudiciable pour l’entreprise mais avant tout et surtout pour les postiers qui sont, de fait, soumis à plus d’incivilités, des emplois du temps fluctuants, des jours de congés difficiles à prendre, etc.
La Poste doit réagir, et vite !
Intérimaires ou CDD au guichet n’ont pas les mêmes connaissances, habilitations bancaires et formations pour répondre aux besoins des clients, et leur intervention n’est pas autorisée en bureau « agent seul ».
Alors, entre fermeture soudaine de bureaux, dégradation des conditions de travail et augmentation du nombre d’incivilités, les recrutements sont loin d’être suffisants (moins de 1 300 sur l’ensemble des métiers). Les managers viennent en appui au guichet et, de fait, ne parviennent pas à exercer correctement leur métier. Les chargés de clientèle voient leur fonction évoluer (plus de connaissances, plus de polyvalence…). Les conseillers bancaires sont remplacés au pied levé par les responsables de clientèle particuliers, avec une volonté de La Poste de supprimer les conseillers bancaires remplaçants.
Et l’alternance alors ?
La Poste compte 1 310 alternants pour l’année 2016 dont 116 ont été embauchés en CDI (104 sur la fonction de conseiller financier). Pour 2017, il est prévu que 75 % des recrutements externes autorisés soient issus de l’alternance. 1 300 alternants travailleront dans les bureaux de poste.
Par ailleurs, La Poste va tendre vers le développement du BAC + 3 pour l’alternance « conseiller bancaire » et anticiper les besoins de recrutement Réseau-Services Financiers grâce à la création de viviers d’alternants. La préparation du Brevet Professionnel Banque (150 personnes) et de l’Institut Technique de Banque (60) va se poursuivre ainsi que la constitution de viviers (systématiquement pour 2017 pour tous les postes de la chaîne bancaire)… Les engagements de La Poste sont-ils suffisants pour palier le manque d’effectif et la dégradation des conditions de travail qui en découle ?
Pour FO, il n’y a pas suffisamment de recrutement d’alternants en CDI ! Là ou il y a des besoins, La Poste doit faire une démarche proactive pour qu’ils aient envie de rester dans notre réseau.
Et l’alternance alors ?
Certes, La Poste travaille avec l’École de la Banque et du Réseau pour de nouvelles formations. Certes, les parcours qualifiants (8 226) et diplômants (810) sont créés. Cependant, rien ne permettra d’améliorer les conditions de travail des agents, surtout si les moyens humains ne sont pas suffisants dans les secteurs.
Pourtant, c’est bel et bien en faisant encore des efforts sur l’emploi que La Poste réussira à améliorer le taux d’absentéisme, la diminution des incivilités et l’amélioration des conditions de travail dans leur globalité.
Malaise persistant dans les bureaux de poste…
Le malaise est tangible au sein de l’ensemble des bureaux de poste. Pour preuve, pour la journée du 12 septembre, le réseau atteint 8 % et la ligne Guichet plus de 13 %, alors que le groupe enregistre un taux de grévistes de 3,5 %.
Cependant, une petite note d’optimisme : aux 600 recrutements de chargés de clientèle prévus dans le réseau pour 2017, la direction annonce, au printemps, le recrutement de 300 personnes supplémentaires en externe. Ces personnels sélectionnés en priorité parmi nos CDD et intérimaires, ne sont pas encore sur le terrain, formation oblige.
Du point de vue de FO, même si cette annonce est une première réponse, elle ne peut être la seule et n’est pas suffisante en volumétrie.
« Servir Le Développement » ?
Le projet SLD, décidé par la Direction de La Poste, est présenté comme « l’adaptation au numérique », « l’évolution nécessaire de nos organisations », « la modernisation indispensable de nos outils »… Il consiste concrètement en la (re)mutualisation des services supports de La Poste dont le lancement va s’étaler entre juin et octobre pour une fin au plus tard en 2020. Pour FO, si la remutualisation ne peut-être que positive car garante de l’unité du groupe, il n’en demeure pas moins que ce projet est synonyme de gains de productivité donc de suppressions d’emplois.
FOCom, se bat donc pour que chaque postier garde un emploi dans une zone géographique choisie et pour des accompagnements financiers dignes de ce nom.
Douze filières sont concernées : la comptabilité, le contrôle de gestion, l’immobilier, le juridique, la qualité, les ressources humaines et les systèmes d’information.
Ce projet va donc conditionner l’avenir professionnel et personnel de presque 20000 collègues. Autant de postiers pour lesquels les conditions de travail sont au centre de nos préoccupations.
La première négociation porte sur le dispositif d’accompagnement prévu par La Poste. Il inclut plusieurs thèmes comme la GPEC, la formation, les accompagnements financiers, les dispositifs d’accompagnement en cas de mobilité géographique, fonctionnelle, de départ de l’entreprise ou à la retraite…
Aucun postier ne doit être laissé sur le bord du chemin; tout en se positionnant contre ce projet, FO défend tout le personnel, cadres, non cadres et quelle que soit la filière.