Sans Frontières

Pour la défense de nos postes

La crise sanitaire a révélé bien des aspects de l’humain mais a particulièrement mis le doigt sur le besoin de l’homme de partager et de communiquer. Tous les syndicats européens au sein de l’UNI ont eu à cœur de partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques face au covid-19. C’est ce qui nous a permis de proposer des guides de bonnes pratiques, des process pour préserver la santé de tous mais également des films pour sensibiliser et témoigner.

Les postiers sont sous pression du Covid-19 même si celui-ci semble perdre du terrain. Pourtant, à l’heure actuelle, l’avenir de nos services postaux est en danger.

La Commission européenne réexamine la réglementation postale de l’Union Européenne qui déterminera l’avenir des postes en Europe. Dès le 18 mars, elle a, à nouveau, entrepris un récolement de nouveaux avis des régulateurs, des opérateurs et des syndicats.

En dépit de la crise, FO Com a apporté sa contribution pour préserver les emplois. Depuis plus d’une année, des discussions ont lieu pour définir ce que pourrait être la prochaine directive postale européenne. UNI (syndicat international auquel est affilié FO Com) a lancé une campagne européenne de défense de nos Postes  avec un site internet, une pétition en ligne et de nombreux documents expliquant par exemple la nécessité de garantir le financement de nos missions ou revendiquant l’inclusion du colis dans le champ d’application des obligations de service universel, etc. Pour en savoir plus, défendre votre Poste, témoigner et signer la pétition: https://actionnetwork.org/petitions/saveourpost/ (Arrivé sur la page, cliquer à droite, choisir traduire en français puis signer la pétition)

Lanceurs d’alerte : FO Com franchit un pas !

La protection des lanceurs d’alerte dans le monde est rarement née de la vertu spontanée d’un peuple (hors la Suède en 1766), elle naît généralement d’une série de crises et d’affaires, coûtant des centaines de vies humaines, ruinant des pans de l’économie, sapant les fondements de la confiance. Ce sont par exemple l’affaire des papiers du Pentagone en 1971, le scandale du Watergate, le déraillement d’un train, l’explosion d’une plate-forme pétrolière, le naufrage d’un ferry, la faillite d’une banque dans les années 90, jusqu’à aujourd’hui en France les scandales de l’amiante, du sang contaminé, du Mediator et de Jérôme Cahuzac.

« Le droit d’alerte rassemble les personnes qui ont mis l’impératif de transparence au-dessus de leur propre quiétude et de leur sécurité. Longtemps décrié en France comme une rupture de solidarité et assimilé à la dénonciation, il est aujourd’hui reconnu à sa juste valeur, c’est le cri des veilleurs qui protègent la cité endormie » (Jacques Terray, revue des Juristes de Sciences Po, juin 2014).

La loi française a évolué en 2013 mais celle-ci ne définit toujours pas le lanceur d’alerte, ni d’agence indépendante, ni de sanctions pénales pour les auteurs des représailles, etc. Le point qui apparaît socialement le plus grave est l’absence de soutien institutionnel aux victimes, pendant comme après leurs procès.

Il y a quelques mois, pendant la crise sanitaire, des salariés d’Amazon en Europe ont été licenciés parce qu’ils revendiquaient des masques et du gel ! Aux côtés d’autres organisations et associations mondiales, FO Com a appelé toutes les autorités publiques et les entreprises à protéger ceux qui dénoncent les préjudices, les abus et les actes répréhensibles graves pendant la crise COVID-19 et au-delà. Les travailleurs prennent quotidiennement des risques pour maintenir les nombreux services essentiels sur lesquels nous comptons, en particulier en ces temps, nos services de santé, les soins aux personnes âgées et autres services sociaux et publics, ainsi que l’approvisionnement en nourriture et la logistique, pour n’en citer que quelques-uns. Le droit et l’importance de ces travailleurs à un environnement de travail sûr et à s’exprimer sur les menaces pour la santé et la sécurité publiques, la corruption et d’autres abus doivent être reconnus et protégés. Leurs révélations sont essentielles pour prévenir les catastrophes majeures et réduire les impacts de la crise sur nous tous, en particulier sur les membres les plus vulnérables de la société et sur nos systèmes démocratiques.

La protection sociale, une urgence mondiale

Sur 3,3 milliards d’actifs dans le monde, plus de quatre sur cinq sont concernés par la fermeture totale ou partielle de leur lieu de travail en raison de la pandémie. Sur 548 mesures adoptées de début février à la mi-avril, 19,3 % sont des aides sociales, notamment destinées à soutenir les revenus. Un peu moins (15,7 %) relèvent de l’assurance chômage. D’autres (9,5 %) concernent la santé, notamment l’amélioration de la couverture maladie, et 9,1 % l’aide alimentaire.

Les catégories précaires sont partout les plus touchées : les travailleurs temporaires, à temps partiel et ceux de l’économie informelle. Dans les pays en développement et émergents, les 2 milliards d’actifs de ce secteur ont perdu en moyenne 60 % de leurs revenus durant les trente premiers jours de la crise. La perte atteint jusqu’à 81 % en Afrique et dans les Amériques.

Les états dotés d’un système partiel de protection ont été obligés de le compléter. Aux états-Unis, 30 millions de personnes se sont inscrites au chômage entre la mi-mars et fin avril. Un plan de 100 milliards de dollars a été adopté pour renforcer le Medicaid (couverture santé des plus modestes), créer un arrêt maladie d’urgence et élargir l’accès aux bons alimentaires ainsi qu’à l’assurance chômage. Mi-avril, quelques 18 millions de personnes touchaient ainsi une allocation chômage (contre 1,7 million avant la pandémie), près de trois fois plus que pendant la crise de 2008 - 2009. Pourtant, faute d’assurance maladie universelle, des dizaines de millions d’Américains restent sans indemnité maladie en cas d’arrêt et voient leurs dépenses de santé peu ou non couvertes.

Cette crise démontre ainsi le « rôle vital d’amortisseur social et de stabilisateur économique » que joue la protection sociale, qui « doit être considérée comme un investissement et non comme un coût supplémentaire », rappelle l’OIT.

Royaume-Uni : les syndicats font un retour en force

Inquiets pour leur sécurité et leur santé au travail avec l’épidémie de Covid - 19, les Britanniques se tournent en nombre vers les organisations syndicales. Elles se retrouvent désormais dans une position d’influence jamais vue depuis des décennies. Les syndicats ont ainsi été invités à participer à l’élaboration du Job Retention Scheme (Programme de sauvegarde de l’emploi), qui assure la prise en charge par l’État de 80 % du salaire des employés touchés par le ralentissement de l’activité.

Les organisations peuvent compter sur le soutien grandissant des Britanniques pour défendre leurs revendications, comme la hausse du salaire minimum et l’abolition des « contrats zéro heure », qui ne garantissent aucun temps de travail minimum au salarié. Ces dernières semaines, cette sympathie s’est traduite par une forte hausse des adhésions.

Les syndicats comptent profiter de leur nouvelle visibilité pour marquer les esprits et avancer leurs pions. Les quatre plus importants du pays ont ainsi appelé leurs adhérents à ne pas retourner au travail tant que la sécurité des travailleurs n’est pas pleinement assurée. Et ce, en dépit des consignes du gouvernement qui appelait à un retour au travail le 13 mai dernier. Dans le même temps, le mouvement garde un œil sur l’après-pandémie réclamant à la création d’un Conseil national pour la reconstruction et la relance, afin de faire entendre sa voix encore un peu plus fort.

La commission de Bruxelles lance le dossier du salaire minimum dans l’union européenne

À ce jour, la plupart des pays de l’Union Européenne – 22 sur 28 – dispose d’un salaire minimum légal. Cependant, il existe de fortes inégalités entre par exemple la Bulgarie (286 euros bruts mensuels) et le Luxembourg (2 071 euros bruts mensuels), selon les derniers éléments de l’Office européen des statistiques. Et cette notion est inexistante dans 6 autres pays – Danemark, Finlande, Suède, Autriche, Italie, Chypre – puisqu’ils fixent le salaire minimum par branche via des conventions collectives.
Selon la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen, il est nécessaire de travailler sur « un cadre légal pour les salaires minimums dans l’Union ». L’objectif est clair : « Il ne s’agit ni de fixer un salaire minimum européen uniforme, ni d’obliger les pays à introduire un salaire minimum ». Elle a insisté sur le fait que ces travaux devaient amener à établir « un instrument juridique pour garantir que les travail-leurs gagnent suffisamment pour subvenir à leurs besoins ».
La Confédération européenne des syndicats (CES) a annoncé que cette réflexion était encourageante pour ouvrir les discussions sur la problématique des bas salaires en Europe. Mais pour elle, le cadre des discussions fixé par la Commission ne va pas assez loin : le document envoyé par Bruxelles fait état de l’augmentation du salaire minimum légal à 60 % du salaire médian, qui revient à diviser la population en deux parties : 50 % avec un revenu supérieur et 50 % inférieur par rapport au seuil de pauvreté.
Il faudrait que les salaires minimums parviennent à ce seuil dans tous les pays pour limiter le dumping social.
Ces discussions seront moins longues que celles portant sur le Brexit, puisque ces dernières doivent durer 6 semaines. Mais au vu des disparités et des réticences de certains pays, nous allons assister au début d’une longue négociation. FO a réaffirmé sa revendication de mise en place d’un salaire minimum dans chaque État membre. Si la lutte contre le dumping social et salarial, ainsi que l’amélioration générale des conditions de travail en Europe sont prioritaires, FO ajoute également la nécessité de garantir les modèles sociaux les plus protecteurs en Europe, pour éviter toute régression sociale à long terme.