Sans Frontières

En Angleterre, les bureaux de poste pourraient bien ne plus faire partie du décor

Cette année, plus d’une centaine de bureaux de poste doivent être cédés à une enseigne privée (supermarché, papeterie…) sous forme de franchise. Dans ces cas là, les postiers n’ont comme alternative que d’être licenciés ou transférés vers le nouveau propriétaire, perdant de ce fait leur statut de fonctionnaire. 3 000 emplois, soit la moitié des effectifs, seraient menacés !
Au Royaume-Uni, 90 % des antennes de la poste sont détenus par des commerçants.
Tout ceci est la conséquence directe d’une privatisation entamée en 2011. À ce moment là, la poste s’est scindée en deux avec d’un coté Post Office (les bureaux de poste) et de l’autre Royal Mail (la distribution du courrier). En 2013, alors qu’elle faisait pourtant des profits, la Royal Mail est mise sur le marché. Si, au début, les cours se sont envolés (+50 %), cela s’est vite tassé. Cette vente n’a pas contribué à réduire les dettes de l’État. Le gouvernement a été accusé d’avoir bradé la poste car, une fois la vente faite, les profits qu’elle faisait auparavant ne rentraient plus dans les poches de l’État !
Entre le courrier et les bureaux de poste, il y a eu 14 000 emplois supprimés, soit 10 à 20 emplois de moins par semaine ! Conséquence pour les salariés : la pression est devenue énorme, avec notamment de plus en plus de cas de dépression et de burn out. Les agents de la poste, fonctionnaires et salariés, ont été sacrifiés sur l’autel de la compétitivité.
Du coté des usagers ce n’est pas mieux, car 40 % des fermetures ont eu lieu dans les zones défavorisés. Le service ne serait pas non plus au rendez-vous avec des files d’attente plus longues, des personnels moins expérimentés et moins formés et des lieux peu accessibles pour les personnes handicapés. Tout cela a de fortes répercussions sur les personnes qui dépendent de ces services, notamment les allocataires. Officiellement, toutes ces opérations devaient rendre la poste plus performante et réduire le déficit budgétaire. Pari largement perdu…

La pauvreté ou la guerre

En 2012, selon l’OIT, il aurait fallu près de 600 milliards de dollars pour éliminer la pauvreté. L’OIT chiffre le montant minimal supplémentaire à allouer à la protection sociale dans le monde à près de 400 milliards de dollars. Éradiquer la pauvreté coûterait 0,5 % du PIB mondial et 1 % du PIB des pays émergents et en développement, conclut l’OIT. À titre de comparaison, les dépenses mondiales d’armement ont été estimées à 1 676 milliards de dollars en 2015, soit 2,3 % du PIB mondial.

15 000 manifestants à Bruxelles pour dire « Stop TTIP, Ceta »

drapeau_belgeQuelque 15 000 personnes ont défilé le 20 septembre à Bruxelles à l’appel notamment des organisations syndicales belges. Une délégation de FO y participait pour s’opposer aux traités de libre-échange transatlantiques négociés par l’Union européenne, l’un avec les États-Unis, le TTIP, l’autre avec le Canada, le Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement).
En France, le gouvernement demande l’arrêt des négociations sur le TTIP, accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, mais persiste et signe sur le TiSA. La négociation du traité Ceta, entre l’Union européenne et le Canada, est, elle, achevée depuis septembre 2014. En théorie, il doit maintenant être, au moins en partie, être ratifié par les parlements nationaux.
« Le but de ces traités transatlantiques est de libéraliser le commerce des marchandises et des services, et de protéger les investisseurs privés », dénonce la Fédération Générale du Travail de Belgique (FGTB), précisant : « il s’agit de réduire un peu plus les tarifs douaniers et de modifier les réglementations considérées comme des entraves au libre commerce. Tout cela en échange de promesses de croissance et d’emploi, alors qu’une étude indépendante prévoit une perte annuelle de revenu de 3 400 à 5 550 euros par travailleur et 600 000 suppressions d’emplois en Europe ».

Appel urgent aux gouvernements pour un débat démocratique sur le TiSA !

logo_uniLes négociations de l’ACS/TiSA (Trade in Services Agreement) ou Accord sur le commerce des services qui concerne les services financiers, l’e-commerce et les télécommunications progressent à un rythme accéléré. Elles ont été lancées début 2013 entre 23 États, représentant 70 % du marché mondial des services. L’objectif est de poursuivre la libéralisation des services engagée par l’Accord général sur le commerce des services (AGCS, GATS en anglais) de 1994, qui ouvrait certains secteurs à la concurrence.
Le TiSA est un instrument servant les intérêts des multinationales afin de maximiser leurs profits et minimiser leurs coûts aux dépens de la protection sociale et environnementale. UNI Global Union et FOCom s’inquiètent des conséquences de l’ACS-TiSA sur la démocratie, la transparence, la réglementation financière, les droits du travail et la protection des travailleurs (en particulier des travailleurs migrants), la protection des données pour les consommateurs et l’accès aux services publics universels.
Pour Philip Jennings, Secrétaire Général d’UNI Global Union, « les nouveaux documents TiSA révèlent à nouveau que les règles du commerce international sont écrites pour bénéficier aux 1 % des plus riches de la planète. Adoptés tels quels, ces documents limiteraient la capacité des gouvernements à légiférer et réguler l’économie pour assurer la stabilité financière, la protection des droits des travailleurs et la protection de l’environnement. » « Si nous ne réussissons pas, tous nos membres, y compris ceux des secteurs de la finance, des télécommunications et des services postaux et logistiques risquent de se retrouver dans un nouveau monde sans savoir quel en sera l’impact sur les emplois »

L’avenir du numérique en Europe :
la continuité dans le changement

drapeau_europeDans le cadre de la stratégie pour un marché unique numérique et pour une « société du Gigabit », la Commission européenne vient de publier ses propositions législatives. Outre le déploiement de la 5G dans les zones urbaines et sur les principaux axes de transports, l’objectif est d’améliorer la connectivité à l’horizon 2025 pour l’ensemble des citoyens européens.
FOCom se félicite que ce soit l’occasion d’une refonte globale du cadre en un « code des communications électroniques » si elle permet (enfin !) « d’assurer l’avenir du service universel et de veiller à ce que des services “over-the-top” équivalents du point de vue de l’utilisateur aux services télécoms (téléphone, messagerie, etc.) soient soumis à des règles équivalentes ». Dans cette optique, le renforcement envisagé du BEREC (organe des régulateurs européens des télécoms) pourrait être une bonne chose à condition qu’il sécurise réellement le marché européen et adopte une politique favorable à l’investissement des opérateurs. Malheureusement ce ne semble pas être le cas puisque le dogme ultralibéral est de nouveau réaffirmé, la Commission européenne entendant s’appuyer sur « la dynamique concurrentielle du marché » ! La guerre meurtrière des opérateurs n’a pas fini de faire des victimes en Europe…