Le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne a officiellement été lancé le 29 mars 2017. Les instabilités régionales couplées à la lutte politicienne pour les élections anticipées du 8 juin 2017 poussent encore davantage le Royaume-Uni au bord de la rupture alors que le TUC (Trade Union Congress) – principale organisation syndicale britannique – continue de se mobiliser pour défendre les droits des travailleurs.
Une récente étude, Could a bad Brexit deal reduce workers’ rights across Europe ?, commandée par le syndicat et publiée début mai 2017, s’est penchée sur la relation entre le niveau de protection des travailleurs et l’investissement direct étranger ainsi que sur les possibles retombées du Brexit sur le niveau de protection des travailleurs en Europe – concluant que le scénario le plus probable est la polarisation du marché du travail avec un affaiblissement de la protection des travailleurs peu qualifiés et un maintien de la protection actuelle pour les travailleurs hautement qualifiés.
Pour Force Ouvrière, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne est complexe et inédite. L’issue des négociations sera décisive pour le futur de l’Union Européenne.
Un futur accord doit nécessairement prévoir que le Royaume-Uni transpose l’ensemble de l’acquis social communautaire dans sa législation nationale afin de protéger les droits des travailleurs et éviter le nivellement par le bas, ouvrant la voie à un dumping social et fiscal dans les futures relations entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni.
Fin des frais d’itinérance
Depuis le 15 juin, les opérateurs européens ne doivent plus facturer les frais de roaming dans les pays membres de l’UE. Ce qui ampute leurs marges. Selon la commission européenne, la fin des frais d’itinérance devrait ainsi entraîner une perte de 1,2 milliard de revenus pour les télécoms européens. Perte dont le remplacement n’a été prévu par aucune mesure compensatrice. La politique consumériste défavorable aux opérateurs européens et favorable à leurs concurrents est encore accentuée, qu’ils soient extra ou intra-européens.
La réglementation européenne permet ainsi aux MVNO1 d’échapper à la fin du roaming afin de «garantir la viabilité de leur modèle tarifaire national ». En France, l’Arcep permet à onze d’entre eux, dont EI Telecom, de facturer des frais d’itinérance supplémentaires au détail quand la marge négative nette générée par ces frais dépasse les 3% de la marge générée par ses services mobiles. Chez FOCom, on souhaiterait que cette attention à la viabilité économique d’acteurs très peu contributifs au développement du secteur soit mieux partagée!
1MVNO (de l’anglais Mobile Virtual Network Operator), est un opérateur de téléphonie mobile virtuel, qui, ne possédant pas d’infrastructure de réseau propres, contracte des accords avec les
opérateurs mobiles possédant un réseau mobile.
Le genre et l’économie numérique
Le 17 mars dernier, s’est tenue à Bruxelles, une réunion d’UNI Global Union femmes de la zone 4 (Belgique, France, Monaco, Luxembourg et Pays-Bas) consacrée au genre et à l’économie numérique.
Selon certaines études, 47% des personnes qui travaillent occupent un emploi dans une catégorie susceptible d’être transformée par l’informatisation. Cette tendance mondiale pourrait aboutir à la perte de 5,1millions d’emplois, tels que les emplois administratifs et de bureau, domaines de travail généralement féminisés. FO et les autres organisations syndicales se sont donc intéressées aux réponses à apporter dans ce contexte. Une employée de banque et militante FO a notamment témoigné des risques de
transformation du travail, des suppressions de postes à venir et de la robotisation. Pascal Pavageau, secrétaire général adjoint de Force Ouvrière, est intervenu pour rappeler le défi qui se présente aux syndicats et le rôle qu’ils ont à jouer face à cette nouvelle révolution industrielle.
KAZAKHSTAN : répression contre les syndicats
La répression contre les syndicats continue de battre son plein au Kazakhstan. La CNTUK, affiliée à la Confédération Syndicale Internationale (CSI), a été radiée et les principes fondamentaux de la liberté syndicale sont constamment bafoués. Les pressions contre les représentants syndicaux sont nombreuses, allant jusqu’à des peines d’emprisonnement. La CSI vient de déposer une plainte auprès de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) contre le Kazakhstan au motif d’emprisonnement injustifié de deux militants syndicalistes, ainsi que pour le refus du Gouvernement de reconnaître les droits des travailleurs de créer des syndicats indépendants dans différents secteurs d’activité.
Force Ouvrière a de nouveau exprimé son soutien aux camarades syndicalistes kazakhs et dénoncé lors du Comité Exécutif du PERC (région paneuropéenne de la CSI) le nonrespect de la liberté d’association et du droit de grève garantis par la convention fondamentale n°87 de l’OIT d’applicabilité universelle.
En Angleterre, les bureaux de poste pourraient bien ne plus faire partie du décor
Cette année, plus d’une centaine de bureaux de poste doivent être cédés à une enseigne privée (supermarché, papeterie…) sous forme de franchise. Dans ces cas là, les postiers n’ont comme alternative que d’être licenciés ou transférés vers le nouveau propriétaire, perdant de ce fait leur statut de fonctionnaire. 3 000 emplois, soit la moitié des effectifs, seraient menacés !
Au Royaume-Uni, 90 % des antennes de la poste sont détenus par des commerçants.
Tout ceci est la conséquence directe d’une privatisation entamée en 2011. À ce moment là, la poste s’est scindée en deux avec d’un coté Post Office (les bureaux de poste) et de l’autre Royal Mail (la distribution du courrier). En 2013, alors qu’elle faisait pourtant des profits, la Royal Mail est mise sur le marché. Si, au début, les cours se sont envolés (+50 %), cela s’est vite tassé. Cette vente n’a pas contribué à réduire les dettes de l’État. Le gouvernement a été accusé d’avoir bradé la poste car, une fois la vente faite, les profits qu’elle faisait auparavant ne rentraient plus dans les poches de l’État !
Entre le courrier et les bureaux de poste, il y a eu 14 000 emplois supprimés, soit 10 à 20 emplois de moins par semaine ! Conséquence pour les salariés : la pression est devenue énorme, avec notamment de plus en plus de cas de dépression et de burn out. Les agents de la poste, fonctionnaires et salariés, ont été sacrifiés sur l’autel de la compétitivité.
Du coté des usagers ce n’est pas mieux, car 40 % des fermetures ont eu lieu dans les zones défavorisés. Le service ne serait pas non plus au rendez-vous avec des files d’attente plus longues, des personnels moins expérimentés et moins formés et des lieux peu accessibles pour les personnes handicapés. Tout cela a de fortes répercussions sur les personnes qui dépendent de ces services, notamment les allocataires. Officiellement, toutes ces opérations devaient rendre la poste plus performante et réduire le déficit budgétaire. Pari largement perdu…