Dossier

Droits des femmes, un élan seulement féminin ?

En France, les inégalités entre les femmes et les hommes perdurent. Depuis de nombreuses années, nos différentes actions menées ont pu trouver écho, tant en France dans nos entreprises qu’au niveau international avec UNI Global Union. Négociations et signatures d’accords « Égalité professionnelle », avancées obtenues sur les mesures salariales, sensibilisation sur les stéréotypes de métiers,… Autant de prises de conscience de la part des entreprises mais le compte n’y est pas !

Les femmes : grandes perdantes sur tous les fronts !

Avec un écart entre les femmes et les hommes de 25,7 % pour les salaires et de 42 % sur les pensions de retraite, la lutte pour l’égalité est un fil rouge perpétuel. Et ce n’est pas l’actuel projet de réforme des retraites qui changera la donne…
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Comment peut-on promouvoir le « travail égal = salaire égal » et continuer de constater ces chiffres aberrants ? De plus, la majorité des emplois à temps partiel sont proposés aux femmes, soit parce qu’elles en font la demande, mais souvent de manière imposée. C’est ainsi que nous pouvons constater que 30 % des postes à temps partiel sont occupés par des femmes quand seule-ment 8 % des hommes y sont représentés.

Autre constat : des processus de prévention doivent être mis en place afin de faire cesser les violences sexistes et sexuelles sur le lieu de travail. Résultat ? Aujourd’hui encore, 4 femmes sur 5 en ont été victimes.

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En juin 2019, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a voté la convention 190, qui offre une palette de mesures pour lutter contre ce lourd phénomène. Néanmoins, ces dispositions ne peuvent s’appliquer que si les États membres de l’OIT ratifient cette convention et la transposent dans leurs propres lois nationales.

En France, des annonces avaient été faites par la Ministre du Travail suite à la naissance de cette convention, mais rien n’est fait à ce jour. À croire que nous n’avons pas la même conception de la signification du mot « urgence ».

Dans ce tableau sombre, les syndicats portent le flambeau

Rappelons que la possibilité donnée aux femmes de se syndiquer librement n’apparaît qu’en 1920. Il faut attendre l’après-guerre pour trouver des chiffres de syndicalisation. Ainsi il y a 100 ans, seule une femme sur sept était syndiquée alors que celles-ci représentent 30 % de la population active. Ce taux de syndicalisation concorde avec la réforme qui supprime l’autorisation nécessaire du mari. Leurs embauches faites entre les deux guerres sont sous-4qualifiées, avec des travaux répétitifs, qui viennent souvent nier leur féminité tout en utilisant leurs qualités.

Malgré les aspects négatifs, le travail hors de leurs foyers et particulièrement en usine engendre des conséquences exceptionnelles : elles découvrent l’indépendance, la solidarité, l’appartenance à un collectif. Il en découle une fierté et un réel attachement à leur travail qui leur apporte à la fois une identité sociale et une pro-motion, bien au-delà d’une simple source de revenus.

À FO Com, nous considérons que l’impulsion donnée depuis cette époque ne doit pas être portée seulement par les femmes. Encore beaucoup de choses restent à conquérir collectivement.3 Travail égal/salaire égal, meilleure articulation des temps de vie, détruire le « plafond de verre » de l’évolution professionnelle, lutter contre les stéréotypes et les discriminations… Il reste encore du chemin à parcourir. Et nous sommes fiers d’avoir pu vivre à l’intérieur même de notre syndicat un fait marquant : en 73 ans d’existence, la Fédération FO Com a élu en 2019 la première femme Secrétaire Générale.

Cependant, nous restons inquiets de la non prise en considération de l’ampleur de la situation des femmes par l’ensemble des acteurs concernés. Car oui, l’avenir des droits des femmes est l’affaire de toutes et tous. La route est encore longue et cet élan ne saurait être seulement féminin.

L’égalité : une raison de lutter contre le projet de réforme des retraites !

Ce projet de réforme ne réglera pas le scandale des inégalités. L’égalité n’est d’ailleurs pas son but même si c’est son argument majeur. L’objectif est de réaliser des économies sur le dos des futurs retraités et, in fine, de drainer l’argent mobilisé pour les retraites vers les fonds de pension. Pour supprimer les inégalités de retraites, il existe des moyens…
Commençons par supprimer les inégalités salariales entre les femmes et les hommes mais aussi revaloriser les métiers dits féminins, payés en moyenne 19 % de moins que les métiers dits masculins. Il faudrait également baisser le temps de travail pour permettre aux femmes comme aux hommes de s’occuper des enfants, lutter contre le sous-emploi des femmes, les temps partiels et la précarité, mettre en place un Service public de la petite enfance pour permettre aux femmes de continuer à travailler, prendre en charge la sur-cotisation retraite des temps partiels.
Et puis si l’on veut réellement lutter contre les inégalités, il faut revenir sur les réformes qui se sont succédées depuis 1993 et qui ont conduit à une diminution du montant moyen des pensions de droit direct à chaque génération pour celles nées à partir de la fin des années 1940 : baisse du rendement des points dans les régimes complémentaires, hausse de la durée de référence pour une carrière complète dans les régimes de base, mise en place de la décote, dégradation du marché du travail, gel du point d’indice dans la Fonction publique, hausse du chômage à partir des années 1980…

Au courrier – Quand évolution rime avec dégradation…

La Poste est une entreprise emblématique dans le paysage économique français qui a toujours vanté son modèle social et son rôle d’entreprise citoyenne ; une entreprise qui se veut proche des français avec son facteur toujours prêt à rendre service et son guichetier toujours souriant. Mais aujourd’hui, derrière ces images d’Épinal, la réalité est toute autre.

facteur-dossierLa Poste, une entreprise en profonde mutation

transformée en société anonyme en 2010, La Poste doit toujours assurer ses missions de service public, missions par définition « non rentables » ce qui est déjà une première difficulté dans la mesure où l’État se désengage de plus en plus alors qu’il devrait au contraire en assumer le coût. A cela, s’ajoutent l’évolution technologique, l’explosion de l’utilisation du numérique et donc les changements de mode de vie qui mettent à mal les activités historiques. La chute drastique des volumes de courrier, la baisse continue de la fréquentation des bureaux de poste entraînent de massives suppressions d’emplois, y compris dans les services « supports ». Enfin, la concurrence de plus en plus agressive oblige La Poste à une constante remise en question de ses schémas industriels. Toutes ces raisons la poussent aujourd’hui à faire évoluer ses missions, à réfléchir à la mise en place de nouvelles activités et à revoir son modèle social. L’enjeu, de taille, est principalement porté par les postiers eux-mêmes à qui on demande une « adaptation » permanente.
Entre 2007 et 2012, le courrier a globalement chuté de 20 % et la baisse s’est accentuée sur la période 2012-2018 en moyenne de 7 %. A l’inverse, le secteur du colis connait une augmentation d’environ 8 % par an. Cependant, cet « eldorado » attire de nombreux opérateurs, souvent low cost, dont Amazon, qui poussent La Poste à faire évoluer son organisation bien souvent au détriment du modèle social qu’elle prône. Ces évolutions ont entraîné de profonds changements pour les postiers de la distribution.

Quand transformation rime avec dégradation

Ainsi, depuis maintenant plusieurs années, les services connaissent d’incessantes réorganisations, des suppressions d’emplois et des ajustements à la charge qui, en plus d’engendrer des conditions de travail parfois déplorables, enlèvent tout sens au travail. Car le travail a un sens. Et plus particulièrement chez le facteur dont la mission va bien au-delà de la distribution du courrier. Jusqu’à il y a quelques années, sa tâche l’amenait au cours de sa tournée à privilégier le contact humain, l’échange, l’entraide… Or ce « temps social » n’existe plus dans les nouvelles organisations uniquement basées sur la productivité. Le facteur devient alors un distributeur, un automate qui met du papier dans une boîte ; un travail sans intérêt et de surcroît mal payé.
Cette perte de sens du travail est doublement ressentie chez les postiers fonctionnaires. Rentrés aux PTT, ils ont été formés au Service public avec des notions d’utilité, de service rendu et d’entraide gratuite loin des standards de rapidité, rentabilité, productivité, rendement qu’on leur impose aujourd’hui. Un schéma étranger à leur mode de fonctionnement social et surtout qui enlève tout l’intérêt du travail de postiers.
Le problème se pose autrement pour les salariés. Plus jeunes, la perception qu’ils ont de La Poste est différente. Arrivés dans l’entreprise sous statut privé, parfois « rôdés » aux périodes de chômage et de « galère sociale », ils sont plus réceptifs aux notions de concurrence et de rentabilité et perçoivent La Poste comme une entreprise dont la stabilité est encore d’actualité et où ils pourront peut-être « faire carrière ». Cependant, la question des salaires est prégnante et engendre un turn-over important voire des difficultés à recruter. Ceux qui acceptent la proposition d’embauche ont tendance à tout accepter au détriment de leurs conditions de travail et de sécurité, que ce soit des heures supplémentaires à outrance ou des primes dont la pérennité n’est pas garantie. Quant aux promotions, la complexité du système qui ne reconnait pas forcement les qualités professionnelles à leur juste valeur en décourage plus d’un.
Bien que ressenties de façon contraire, les difficultés sont les mêmes pour tous, que l’on soit salarié ou fonctionnaire et le constat commun est sans appel : salaires trop bas, charge de travail trop élevée, réorganisations incessantes exigeant une « adaptabilité » permanente, perte de sens du travail, pénibilité non prise en compte sont aujourd’hui le quotidien du facteur, du rouleur, de l’agent de cabine et de tous les personnels de la distribution.

Agents de la distri : véhiculer l’image de La Poste a un prix !

Les tournées de distribution ont toujours été contrôlées afin d’en voir l’évolution et ainsi adapter le temps à la charge et aux distances. Jusqu’alors, le vérificateur, chargé du contrôle, faisait la tournée avec le facteur et prenait ainsi la pleine mesure du travail à effectuer, détectait les difficultés ou relevait des possibilités d’économie et de productivité. Il avait une réelle vision du terrain. C’est vers le milieu des années 2000 que La Poste a transformé sa manière de calcul de charges en mettant en place une révision régulière des tournées de distribution purement comptable. La méthode de calcul ne reste alors qu’une pré-quantification du travail et ne prend évidemment pas en compte les spécificités de la tournée pesée, ni le profil du facteur et encore moins le rôle social du métier qui a besoin d’un peu de temps pour ses clients. Aucune prise en compte non plus de la pénibilité du métier. Car si la sacoche se fait plus légère, les distances restent et la météo n’est pas tous les jours clémente.pause
Cette méthode de rationalisation des coûts et de recherche constante de productivité à tout prix a eu pour conséquence soit la suppression, soit l’allongement d’un certain nombre de tournées. Ainsi, ce sont 15 000 tournées sur 70 000 qui ont disparu et pas moins de 25 000 emplois sur 100 000 sur une période d’environ dix ans. Sur le plan humain, le burn-out, les congés de maladie, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont devenus monnaie courante.
Cela fait maintenant de nombreuses années que FO Com dénonce ces méthodes déconnectées de la réalité et demande une remise à plat des « normes et cadences » mettant en avant le fait que seul un pesage juste des charges, mais aussi la prise en compte de l’environnement et les spécificités des facteurs, sont à même de pouvoir concilier réalité économique avec son indispensable adaptation et maintien de bonnes conditions de travail. La seule façon de s’en sortir, c’est la considération du travail réel.
Or, lorsque La Poste parle de « normes et cadences », elle y oppose son système de calcul avec un principe d’homogénéisation sur le territoire, oubliant que les normes ne peuvent pas être les mêmes partout. Mêmes normes en ruralité qu’en zone urbaine ? Dans les zones montagneuses ou touristiques ? Quid de la distribution de lettre recommandée ou de colis dans un pavillon ou dans un appartement au 17ème étage ? Ainsi, les conditions spécifiques de distribution sont ignorées.
La Poste, si elle est tenue d’évoluer et de s’adapter, devrait s’attacher dans son processus à diminuer la pénibilité (notamment au regard d’une population de postiers vieillissante), à être soucieuse des conditions de travail de tous ses agents et à garder à l’esprit que le travail doit avoir un sens. Elle y gagnerait aussi en productivité et en coûts, dans le respect de tous.

Innover oui ! Progrès social, aussi !

Elle a d’autant intérêt à être soucieuse de ses agents qu’avec le déclin des activités postales historiques, la mise en place de nouveaux services demande des efforts de la part des postiers et de réelles motivations pour accepter ce qu’il faut bien appeler une conversion professionnelle. Sensés pallier avant tout la baisse des volumes du courrier, les nouveaux services sont regroupés en trois domaines : La « Silver économie » et la santé, la transition écologique et la transition dans les territoires. En voici quelques exemples : ARDOIZ (tablette installée à domicile pour les seniors), « Veiller sur mes parents » qui assure une veille régulière auprès des personnes âgées, RECYGO (relevage de papiers à recycler), PROXI VIGIE (visite et alerte) ou encore ETG (examen du code de la route).
Ces nouveaux services de proximité ont représenté environ 2 000 emplois (en 2018) avec un chiffre d’affaires de 252 millions d’euros contre 22 millions en 2015. Cette augmentation s’est principalement faite par des acquisitions d’entreprises. A horizon 2023, les nouveaux services devraient représenter 3 à 4 % du chiffre d’affaires du Groupe. Cependant, les créations d’emplois ne sont pas toujours au rendez-vous sauf dans le domaine du colis où, avec l’explosion du e-commerce, La Poste en a prévu potentiellement 3 à 4 fois plus d’ici 2023.
FO Com a toujours soutenu La Poste dans sa recherche de nouvelles activités, seules à même de sauvegarder l’emploi. Les postiers ont également bien conscience de l’enjeu. Mais eux comme nous, ne voulons pas accepter tout et à n’importe quel prix. Donner envie de s’investir, donner les moyens, les outils, les procédures, les formations ainsi qu’un temps alloué suffisant sont gages de développement pour l’entreprise et de pérennité de l’emploi pour les personnels. Dans ce domaine, FO Com revendique la prise en compte du temps réel dans les organisations comme pour les activités historiques, des salaires à la hausse et un commissionnement en rapport avec l’investissement demandé et ce, sans objectif notifié. Enfin, ces services doivent s’inscrire pleinement dans le rôle social de La Poste, gardant ainsi la notion de Service public mais aussi la crédibilité du facteur qui, rappelons le, est le 2ème personnage public préféré des français.

Managers : acteurs décisifs dans la vie des organisations

Les méthodes de management posent parfois problème dans la mesure où beaucoup de cadres ne sont pas issus du « sérail ». Ils ne connaissent ni La Poste, ni ses métiers bien particuliers, chargés d’habitudes et de codes. S’ajoutent la pression, les objectifs et autres « CAP » qui font que, même avec la meilleure volonté, il n’est pas possible de concilier exigences budgétaires et bien-être des facteurs. Bien souvent, les cadres n’encadrent plus, ils comptent.
Quant aux encadrants de proximité, leur position devient de plus en plus intenable ; comment expliquer le changement et l’adaptation, comment les faire accepter quand tout est vitesse et précipitation ? Comment assurer une proximité humaine avec ses agents quand les horaires sont à rallonge, les heures supplémentaires non payées, les formations adéquates inexistantes ? Sans compter les réunions, brief, débrief et rebrief qui sont chronophages et n’apportent pas forcément l’information adaptée aux missions demandées.
Pour FO Com, une redéfinition du statut et du rôle des cadres supérieurs et encadrants de proximité est essentielle. Le respect des horaires, la compensation des heures supplémentaires mais aussi le retour à de la considération qu’ils sont en droit d’attendre de leurs dirigeants sont au cœur des revendications portées par les représentants FO.

FO Com : des revendications à la hauteur des enjeux

Avec ces constats, entre situation économique tendue, révolution technologique et contraintes sociales, les solutions sont parfois difficiles à trouver. D’autant qu’il faut souligner des pressions extérieures dont La Poste se passerait bien. Les rapports réguliers de la Cour des Comptes considèrent que c’est davantage le « facteur humain » qui gène les évolutions que les défauts d’organisation. Dénonçant l’emploi stable et le conservatisme des facteurs comme principaux freins à la transformation de La Poste, la Cour milite, depuis longtemps, pour une accélération des réorganisations et fait vite endosser la responsabilité aux syndicats lors des échecs dans les négociations. Car pour ces sages, « un dialogue social actif et fructueux » demande des syndicats au garde-à-vous. Pour Force Ouvrière, des solutions existent dont certaines sont faciles à mettre en œuvre. La première des priorités est de retrouver un dialogue social loyal, honnête que chacun doit pratiquer dans le but d’avancer dans les meilleures conditions possibles. Force de propositions, FO Com revendique entre autres, des formations adaptées et de qualité dans le cadre des évolutions et réorganisations qui nécessitent d’être pensées bien en amont en prenant le temps suffisant qu’exige une adaptation particulière. Les recrutements doivent être soutenus avec, en parallèle des mesures d’âges pour les plus anciens. Le un dialogue social de qualité passant surtout par le respect des accords signés, gage de négociations fructueuses. Ceux-ci respecté, les postiers retrouveront la confiance envers leurs dirigeants, confiance qu’ils ont perdu, au fil des années au regard de décisions hasardeuses et de paroles non tenues.
Oui, avec des revendications à la hauteur des enjeux, les possibilités de construire La Poste de demain existent. Cependant, l’État doit prendre ses responsabilités en assurant le financement des missions de Service public dont elle a la charge, en l’occurrence le service universel du courrier. C’est une condition indispensable qui permettra de garder une grande entreprise publique au service des citoyens, garante de cohésion sociale et pilier incontournable de la République.
Pour FO Com, la transformation, l’évolution et l’adaptation de La Poste, si elles apparaissent comme des évidences pour assurer la pérennité économique de l’entreprise, nécessitent d’être faites avec la considération de tous les postiers. Leurs emplois et leurs conditions de travail ne doivent pas servir d’unique variable d’ajustement. Bien au contraire, il est impératif de replacer l’humain au cœur des organisations, construire et écrire l’avenir de La Poste ensemble et ainsi garder et consolider une poste solide, « d’un seul bloc », dans le cadre d’un Service public ambitieux. « Simplifier la vie » des usagers et des clients est essentiel, mais relever les défis de demain avec la confiance de tous les acteurs de l’entreprise est primordial.


Les « oubliés » du Courrier

Parmi les postiers des services de la distribution, environ 10 000 occupent aujourd’hui ce qu’on appelle des positions arrières : releveurs, collecteurs, agents cabine, agents cellule S3C.oublies
Certaines de ces positions de travail permettent depuis toujours de « reclasser » des agents qui, pour raison d’inaptitudes ou de problèmes de santé, ne peuvent plus effectuer de tournées de distribution. Bien qu’indispensable au bon fonctionnement et garant d’une bonne qualité de service, ces postes de travail ne sont pas évalués à leur juste valeur et les agents ne peuvent prétendre à la reconnaissance qu’ils méritent. Pire, ils sont les « oubliés » des négociations et ainsi ne peuvent pas prétendre aux mêmes droits que leurs collègues de la distribution. Depuis toujours, FO Com est à leur côté et se bat pour qu’ils ne restent pas ces oubliés et pour qu’ils puissent bénéficier des avancées sociales. FO Com revendique notamment une vrai reconnaissance à travers le versement d’une prime à l’identique de la prime Facteur d’Avenir et un vrai parcours de carrière.
Oubliés par La Poste, reconnus et défendus par Force Ouvrière.


Jean-Philippe LACOUT

Secrétaire national FO Com au Courrier, facteur dans le département de La Loire (42) et ancien secrétaire départemental adjoint dans ce département.
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Quid des conditions de travail
des facteurs ?

En 2017, FO a signé l’accord sur leur évolution au sein de la Branche Services Courrier Colis. C’était un véritable accord-cadre ! Hélas, la non-application de l’article 2 (bien associer les facteurs à la construction des organisations et à leur vie, dimensionner les organisations proportionnellement à l’évolution des volumes, enfin cadrer la sécabilité et accompagner la conduite du changement) dans certaines régions pose de réels problèmes et crée un malaise certain.
Pour Force Ouvrière, il est nécessaire voire impératif de bien réunir les factrices et les facteurs autour de la construction des organisations. Dans le cas contraire, les agents ne peuvent pas s’approprier ni l’organisation ni leur propre travail. Dans l’accord, la première restitution par un entretien est capitale : en effet, cette démarche d’écoute permet de cerner les éléments rendant compte du travail réel et ces derniers doivent être intégrer à l’organisation du travail.
Cet article 2 est fondamental pour d’autres raisons : il permet notamment d’éviter l’apparition de « tournées aberrantes ». De plus, il oblige La Poste à évaluer la charge de travail de chaque tournée pour éviter une productivité à outrance et ainsi améliorer l’organisation du travail. Ainsi, le chronométrage de la tournée permet de mesurer la charge de travail réelle. Pour moi, c’est fondamental afin d’éviter la dégradation des conditions de travail des facteurs et même pour favoriser leur amélioration.

Quelles sont les conséquences de cette détérioration des conditions de travail chez les facteurs ?

Cette détérioration entraîne l’émergence de risques psychosociaux, d’une perte de sens et d’identité. Par exemple, un facteur qui travaille depuis 20 ans à La Poste en zone rurale ne se reconnaît plus dans ce qu’il fait. Avant, le service dénommé « Veillez sur mes parents » était un service effectué gratuitement par le facteur et le lien social en était renforcé.
Désormais, facturer ce service et le faire payer à l’usager devient incompréhensible : le lien social se délite au profit du « business » et de la rentabilité. Cette évolution crée une perte de sens qui est visible chez les fonctionnaires notamment et qui modifie la culture de La Poste.
Pire, rendre service au client peut entraîner des sanctions. J’ai en tête l’exemple d’une grand-mère qui voulait faire envoyer une lettre par l’intermédiaire de son facteur. Celui-ci a rendu le service mais cela lui a valu une demande d’explication, une sanction disciplinaire en somme.
Ce contexte peut créer des tensions voire de la colère chez les agents pour qui l’aide aux usagers était, en son temps, devenu une habitude. Pour le facteur en question, ce fut un véritable crève-cœur !
Et, le rapport des assistants sociaux attestent de ce phénomène concernant le changement de culture d’entreprise. Le rapport à l’entreprise n’est plus le même, plus distancié.

L’avenir de La Poste passe par l’avenir des postiers !

Depuis plusieurs années maintenant, La Poste doit s’adapter aux transformations économiques et sociétales engendrées par le développement des technologies et de l’internet qui ont modifié totalement les métiers et l’organisation. Les postiers, qu’ils soient facteurs, conseillers clientèles, agents des PIC ou du colis, des services financiers, du back-office et des services supports, mais aussi commerciaux du Courrier comme du Réseau, managers et cadres… sont de plus en plus sollicités.


Mais que veut dire « s’adapter pour La Poste » ? Demander toujours plus avec moins de moyens ! Cela se traduit par des réorganisations incessantes et des fermetures de site, des effectifs en baisse, la précarisation de l’emploi et une dégradation générale de l’environnement de travail.
Pour FO, s’adapter, c’est travailler avec les outils modernes, c’est s’assurer de nouvelles activités pour remplacer celles qui disparaissent. Mais aussi assurer de meilleures conditions de travail pour tous les postiers et postières qui s’investissent toujours plus et qui sont les principaux acteurs de cette transformation.
Leurs efforts méritent d’être reconnus de façon plus juste et plus gratifiante. Cela passe, entre autres, par l’augmentation significative de leur pouvoir d’achat, une charge de travail plus équilibrée et donc des embauches, un épanouissement au travail et une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle…

L’avenir de La Poste se joue aujourd’hui

Comme constaté depuis des années, la baisse du Courrier se poursuit : plus de 7 % par an. En 2020, le courrier ne devrait représenter que 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Parallèlement, grâce à l’essor du e-commerce, l’activité Colis/Express s’amplifie notablement avec près de 9 % d’augmentation en France et plus de 10 % en Europe. Depuis plusieurs années, la « bancarisation » est un axe de développement du Groupe La Poste et devrait s’accentuer avec la création d’un pôle financier public.

Groupes multimétiers

La Poste a su résister aux aléas de l’économie, grâce à ses caractéristiques, son histoire ainsi que les hommes et les femmes qui la composent. Mais elle confrontée à une transformation rapide et doit, pour perdurer, répondre aux nouvelles attentes et besoins des citoyens. « Veiller sur mes parents », services à la personne, silver economy, inclusion numérique, Code de la route, collecte et recyclage des papiers de bureaux (Recygo), présence postale et maison de services au public… autant de pistes explorées par la direction de La Poste pour renouveler le métier des postiers. Mais également autant de difficultés pour ses agents qui doivent faire face à ces nouvelles missions au quotidien avec un manque de moyens matériels et humains parfois criants.
Tournées à rallonge, manque de formation, pénibilité, pression des objectifs, cadences infernales, matériels obsolètes, absence de moyens de rem-placement… tels sont les problèmes rencontrés par les postières et les postiers sans que la direction n’en prenne toute la mesure. Et cela, malgré les alertes répétées des représentants du personnel et de FO.

L’amélioration des conditions de travail, notre priorité

La santé et les conditions de travail sont un véritable enjeu, aussi bien pour l’équilibre des postiers que pour la santé économique de La Poste. Absentéisme, recrudescence des acci-dents du travail, pénibilité, troubles musculo-squelettiques (TMS), risques psychosociaux, incivilités… sont mal-heureusement devenus monnaie courante. Si La Poste, dans ses discours et déclarations, semble prendre en compte ces problématiques, cela ne suit pas dans les faits ni dans les actes.effectifs

  • Taux d’absentéisme et accidents de travail en hausse

Le bilan social 2017 de l’entreprise La Poste a été présenté en Comité Technique National cet été. Et le moins qu’on puisse en dire, c’est que certains chiffres sont alarmants : ceux concernant l’absentéisme et les accidents de travail avec arrêt.
Le taux d’absentéisme pour maladie ne cesse d’augmenter ! De 6,65 % du personnel en 2015, il atteint 6,94 %en 2017. Cela représente la bagatelle de 6 093 077 jours d’absence pour maladie, tout personnel confondu. Les organisations de travail jouent un rôle essentiel sur ce sujet. De meilleures conditions de travail avec le personnel nécessaire amélioreraient de façon notable la santé des agents au travail. De plus, l’absentéisme des postiers revient à des centaines de milliers d’euros pour l’entreprise. Dès lors, il semble inutile de creuser davantage pour démontrer qu’il y a là aussi un véritable enjeu pour contribuer à la santé de l’entreprise. Alors que le nombre d’agents de La Poste ne cesse de baisser (9 348 agents de moins qu’en 2016, soit 214 697 agents), le nombre de journées d’absence pour accident de travail ou de trajet ne cesse d’augmenter. En 2015, nous avions 267 456 jours d’absence, en 2016 nous étions à 568240 jours et, en 2017, cela atteignait 573 780 jours ! Certains cris d’alarme sont moins flagrants…
Il s’agit sans conteste d’une véritable alerte concernant les conditions de travail et de sécurité. Il serait grand temps que La Poste réagisse.
Pour Force Ouvrière, la prévention est l’un des paramètres incontournables afin d’assurer la bonne santé physique et mentale des agents. La santé et la sécurité au travail sont des obligations de l’employeur, La Poste n’a pas le droit de pas l’oublier.
Pour FOCom, la prévention et l’amélioration des conditions de travail doivent devenir des priorités pour la direction de La Poste. Étant une entre-prise de main-d’œuvre avant tout, elle doit mettre en place une politique digne de ce nom pour préserver la santé et le bien-être des postières et des postiers.

  • Le CHSCT : un outil précieux à conserver.

Grâce au Comité d’Hygiène Sécurité et Condition de Travail (CHSCT) qui est un outil au service de tous, La Poste peut améliorer la prévention et garantir une meilleure santé au travail de ses agents. Lors des prochaines élections professionnelles, chaque postière et postier de La Poste, en votant FO, a la possibilité de rendre cet outil efficace.
Force Ouvrière, fidèle à ses valeurs, œuvre dans les CHSCT afin d’améliorer la réglementation en termes de sécurité au travail et les moyens donnés à l’action des représentants du personnel pour agir par des mesures préventives et correctives.
Les missions du CHSCT peu-vent être définies comme étant, entre autres choses :

  • de contribuer à la protection physique et mentale ainsi qu’à la sécurité des travailleurs de l’établisse-ment, comme de ceux mis à disposition par une entreprise extérieure,
  • de contribuer à l’amélioration des conditions de travail, notamment en vue de faciliter l’accès des femmes à tous les emplois et de répondre aux problèmes liés à la maternité,
  • de contrôler la mise en œuvre des dispositions législatives et réglementaires relevant de son domaine de compétences,
  • de formuler des propositions de mesures de prévention, de sécurité et d’organisation des premiers secours.

Les prochaines élections professionnelles serviront à déterminer une représentativité locale. De ces résultats, dépendra le nombre de sièges attribués à chaque organisation syndicale. De toutes les instances de représentation du personnel, le CHSCT, de par sa proximité avec le terrain, est celui qui a le plus de leviers pour améliorer le quotidien des agents. Force Ouvrière, en organisation responsable, désigne et forme des représentants compétents pour œuvrer au sein du comité, conformément aux missions qui leur sont attribuées. La défense de vos conditions de travail commence par ça. Le CHSCT est un véritable outil de prévention de la santé et sécurité au travail. Il ne doit pas être galvaudé. FO continuera de se battre pour le préserver avec toutes ses prérogatives.

L’emploi doit progresser !

Depuis plus de dix ans, La Poste s’est malheureusement inscrite dans une logique de suppression drastique d’effectifs: au moins 8000 suppressions d’emploi par an! C’est une logique pure-ment comptable qui doit être combattue. Et c’est ce que nous ne cessons de faire. FO demande des recrutements de postiers avec des emplois pérennes.
Pour exemple, avec l’accord Courrier signé par FO en 2017, près de 5 000 embauches à la distribution ont été faites. 1 500 personnes ont également été embauchées au sein du réseau des bureaux de poste. Mais ces embauches ne comblent que partiellement les suppressions de postes…
Par ailleurs, il y a une utilisation croissante des CDD (contrats à durée déterminée). Les chiffres du bilan social 2017 sont révélateurs: en 2015, il y avait 19824 CDD; en 2016, ce nombre augmentait à 22,461 jusqu’à atteindre presque 24 000 CDD en 2017. De plus, on constate une utilisation croissante de l’intérim, dont le nombre a doublé en deux ans (en 2015, ils sont 4727 et, en 2017, ça passe à 9 161). Notre revendication est claire: l’utilisation des CDD et de l’intérim doit être exceptionnelle et ne doit pas être une technique de gestion habituelle. Il faut transformer les emplois précaires en CDI, que ce soit pour les alternants, les CDD et les intérimaires.
Par ailleurs, une autre forme de précarité se développe sournoisement au sein de l’entreprise: la sous-traitance. Par exemple, au Colis, en Île-de-France, 80 % de l’activité livraison est effectuée par des sous-traitants qui n’ont pas les mêmes droits et avantages que les postiers.
Toutes ces formes de précarisation ne correspondent absolument pas au modèle social de La Poste que FO souhaite. Pour FO, les embauches doivent continuer et même s’accélérer dans tous les métiers, au vu des défis qui attendent La Poste.

Le pouvoir d’achat, notre combat !

Pour FO, l’augmentation générale des salaires et la revalorisation du point d’indice est une urgence économique et sociale ! Depuis trop longtemps les postiers sont les laissés-pour-compte d’une politique salariale qui se veut ambitieuse.
À La Poste, plus de la moitié des effectifs appartient aux classes I et II. Plus de 75000 postiers sont dans la classe I. Or, la classe I affiche un triste record : les salaires sont très bas et peuvent même se rapprocher du SMIC. C’est pourquoi FO revendique que le grade II.1 devienne le grade de base. D’après le bilan social 2017, plus de 33 % des postiers touchent une rémunération mensuelle nette infé-rieure à 1600 euros. Pour FO, ce nombre est révélateur. Nous revendiquons un salaire minimum mensuel net au moins égal à 1 600 euros.
Responsable, FO a signé l’accord intéressement qui a permis d’obtenir du plus pour beaucoup de postiers. En 2017 il s’est élevé à 440,81 €nets (+16 % de plus qu’en 2016), et les critères de déclenchement sont plus favorables pour les postiers. Mais pour FO, syndicat de la feuille de paie, c’est loin de répondre à l’ensemble des besoins. C’est pourquoi nous demandons avant tout un 13e mois pour tous les postiers et les postières. Pourquoi ? Parce que la transformation de La Poste créée des turbulences dans les conditions de travail et entraîne surtout la transformation de tous les métiers de La Poste. Les efforts des postiers et leur investissement doivent être récompensés à leur juste mesure. Autres données importantes : plus de 40 % des postiers ont entre 50 et 59 ans. Les dispositifs de fin de carrière doivent s’amplifier et doivent être plus sécurisantes. FO a obtenu que le TPAS soit désormais reconduit chaque année. Cependant, ses conditions ne sont pas pas assez incitatives. 70 % de la rémunération, ce n’est pas assez ! FO demande que chaque salarié qui souhaite partir en TPAS obtienne 80 % de sa rémunération.

Fusion Banque Postale et CNP Assurances : FO RESTE VIGILANTE !

Le ministre de l’Économie a annoncé le 30 août la création d’un grand pôle finan-cier public par le rapprochement de La Banque postale et de l’entreprise publique CNP-Assurances, filiale du groupe public Caisse des dépôts et consignations (CDC). La CDC qui détient 40,8 % du capital de CNP Assurances deviendrait l’actionnaire majoritaire du groupe La Poste avec un peu plus de 67 % des parts contre 26,32 %à l’heure actuelle.
L’opération, destinée à permettre au Groupe La Poste de trouver de nouvelles sources de revenus (près de 6 milliards d’euros), devrait être concrétisée avant la fin 2019.
FO Com accueille comme une nouvelle porteuse d’espoir pour les postiers l’annonce d’un grand pôle financier public, qu’elle réclame depuis longtemps. En revanche, la vigilance s’impose pour garantir la pérennité et l’accroissement des missions de service public assurées chaque jour par l’ensemble des postières et des postiers. FO Com refusera l’ouverture du capital de La Poste à des passagers clandestins, à des capitaux privés, via des cessions de capital ultérieures.
Autre préoccupation de FO Com: la frénésie de fermetures des bureaux de poste par la direction de l’entreprise, est totale-ment incompatible avec le grand projet d’une banque pour tous à la fois compétitive et proche de ses clients sur l’ensemble du territoire. La Poste a raison d’assurer son avenir mais elle doit aussi assurer celui des postières et des postiers, car ce sont bien eux qui créent chaque jour la richesse de l’entreprise!
Aujourd’hui, ce changement de gouvernance doit s’opérer dans le respect des personnels, de leur emploi et de leurs conditions de travail. Là aussi, FO compte bien, une fois de plus, peser dans les négociations pour obliger La Poste à revoir sa stratégie basée le plus souvent sur la productivité.

Les incivilités, un mal à endiguer

Elles aussi sont en constante augmentation: 17400 incivilités déclarées en 2017 contre 15 900 en 2016, soit 9 % de plus !
92 % des accidents du travail liés aux agressions ont lieu en bureau de poste. Le nombre de signale-ments ne cesse d’augmenter et le baromètre social confirme ce sentiment d’insécurité. Différents cas génèrent des incivilités dans les différents métiers de La Poste. Cela peut être lié à une panne, un manque d’informations concernant la fermeture ou les travaux d’un bureau, le mécontentement d’un client dans le service rendu par La Poste, une attente trop longue au téléphone…
Pour FO, il est important de régler surtout les causes, racines des incivilités liées aux organisations de tra-vail. Pour cela, le rôle des CHSCT est prépondérant. FOCom demande à l’entreprise de nous commu-niquer tous les indicateurs afin de faire ressortir les véritables causes des incivilités. Les agents ne sont pas les seuls responsables des situations malheu-reuses rencontrées à La Poste. Afin de faciliter les relations avec les clients, FO revendique plus de postières et de postiers et moins… d’automates!Un premier pas est fait avec l’accord sur les bureaux sensibles signé par FO en juin 2018.

Le service public ne doit pas être le parent pauvre de cette transformation.

Pour Fo, le compte n’y est pas !

Les missions de service public postal (la distribution du courrier 6 jours sur 7 (appelée aussi «service universel»), l’aménagement du territoire, l’accessibilité bancaire et la distribution de la presse) sont déficitaires. L’État est fortement complice de la situation financière relativement fragile du Groupe La Poste. Les grandes manœuvres financières en cours ne doivent pas encore affaiblir le service public postal. Bien au contraire elles doivent permettre de le faire perdurer, le renouveler et améliorer sa qualité.
Il faut cesser de rogner sur les budgets alloués aux missions de La Poste. Que ce soit en région ou dans les zones périurbaines, la présence de La Poste est prioritaire et indispensable. Pour beaucoup c’est l’unique point d’entrée pour accéder au service public, là ou l’État s’est malheureusement déjà désengagé. Le coût des missions de service public n’est pas compensé avec toutes les conséquences qui en découlent. D’une part, La Poste facture de façon trop élevée les nouvelles missions. D’autre part, elle est contrainte de rogner sur la masse salariale ; de manière plus claire: supprimer des emplois !
En plus, pour effectuer ces nouvelles missions, elle embauche des intérimaires. Pire encore, par souci d’économie, elle réduit le budget dédié aux conditions de travail, ce qui les détériore logiquement et crée un mal-être chez de nombreux postiers.
Selon FO, La Poste doit rétribuer les postières et les postiers fiers de leur identité, garants du service public, et soumis à une transformation organisationnelle hors normes. La Poste et les postiers qui sont considérés comme des « tiers de confiance », peuvent jouer un rôle essentiel sous certaines conditions de rétribution et de reconnaissance !
Pour ce faire, La Poste doit se donner les moyens humains et organisationnels afin de transformer les essais actuellement testés au sein des territoires. Ainsi, les moyens déployés en termes de formation sont largement insuffisants. Il faut démultiplier ce budget afin de rendre envisageable l’ultra-polyvalence des collègues et notamment ceux qui sont en première ligne : les facteurs et les chargés de clientèle. Les formations sont trop réduites, faites par e-learning et trop souvent proposées sur le temps de travail. Et même si certaines de leurs missions de service public doivent évoluer, FO défend et défendra leur métier, que ce soit dans le réseau des bureaux de poste ou sur tout le territoire.
Notre vigilance et nos actions sont primordiales pour la défense de l’emploi, les conditions de travail des postiers, et le service rendu aux usagers. FO continue de se battre pour que les postiers ne soient pas les grands perdants de cette course à la productivité et cessent de subir une pression insupportable et injustifiée.

PERSPECTIVES 2019– 2023

Outre les grands rendez-vous que sont les négociations des accords, FO Com demande à la direction des avancées significatives sur des sujets relatifs à l’organisation et aux conditions de travail. Ainsi, nous militons pour que les départs massifs à la retraite n’aient pas d’impact sur les conditions de travail, en particulier grâce aux embauches en CDI.
Pour FO Com, le collectif de travail est une valeur à réinventer, à redynamiser, face à la montée – voulue ou subie – de l’individualisme. Il est le fondement du tissu social, du bien-être, de la créativité et du sens au travail.
Pour FO, défendre les intérêts des col-lègues passe par notre indépendance, qui garantit la liberté de nos positions et de nos décisions. Nous ne signons un accord, tant avec le Gouvernement qu’au sein de La Poste que s’il est réellement bénéfique aux salariés. Et, chez Force Ouvrière, nous nous opposons aux projets dangereux pour le droit du travail.
Notre force dépend de l’aide et du poids que les salariés de La Poste vont apporter à une organisation syndicale telle que la nôtre qui n’a de cesse de promouvoir une vision humaine et donc plus efficace de l’entreprise.

Bureaux de poste : vers quel service public se dirige-t-on ?

Maisons de Service au Public (MSAP), facteurs-guichetiers, bureaux « sensibles », agences postales communales… la présence postale ne cesse de se modifier et de se réduire. Le mot d’ordre est rentabilité, ce qui laisse peu de place à la notion de service public partout et pour tous.
En France comme ailleurs en Europe, l’idéologie libérale ambiante modifie la notion même de service public. L’État français se désengage partout et par tous les moyens. Que ce soit pour les impôts, les missions données aux préfectures, les hôpitaux, le rail… c’est le modèle social français, garant des missions de service public qui est attaqué ; même certaines missions régaliennes sont confiées à des « partenaires » privés. Quid de La Poste et de son réseau de bureaux ? Certains parlementaires estiment qu’une voire deux missions de service public postal sont obsolètes. Quel que soit le point de vue de chacun, ces missions sont inscrites dans un contrat d’entreprise 2018-2022 signé avec l’État.
Dans le cadre de ce contrat, La Poste est dans l’obligation de maintenir son maillage territorial de 17 000 « points de contact ».
Pour atteindre cet objectif elle privilégie aujourd’hui, pour des raisons de rentabilité, les partenariats : agences postales communales ou intercommunales, relais-poste chez des commerçants, des buralistes ou encore des acteurs de l’économie sociale et solidaire.
À côté de ces partenariats, le contrat sert à financer d’autres alternatives aux bureaux classiques : des bureaux de postes mutualisés, tels que les Maisons de Service Au Public accueillies dans un bureau de poste, des bureaux de facteurs-guichetiers, (cf. notre article en page 14), des bureaux ouverts moins de 18 heures par semaine, des points de contact situés dans les nouveaux quartiers de la politique de la ville ainsi que l’ensemble des points de contact situés en outre-mer.

Le service public en bureau

La désertification rurale, les métropoles grandissantes, une population vieillissante… autant de facteurs à prendre en compte pour aménager la présence postale.
Quelles en sont les règles ? Pas plus de 10 % de la population d’un département ne peuvent se trouver éloignés de plus de 5 km et de plus de 20 minutes en voiture des plus proches points de contact. Les Commissions Départementales de Présence Postale Territoriale (CDPPT) sont en charge du respect de ce critère.
Pour remplir ces deux conditions, La Poste se voit attribuer par l’État une enveloppe financière qui était de 223 millions d’euros en 2016 mais qui, en 2018, n’est plus que de 174 millions.
Cette baisse du financement est inquiétante, Force Ouvrière la dénonce systématiquement.
La Poste a aussi une mission d’accessibilité bancaire : il s’agit du livret A pour tous et du droit au compte.
Ainsi, il est possible de faire des opérations de retrait et de dépôt à partir d’un montant de 1,50 €. Non rentables, ces opérations sont très coûteuses pour La Poste. Là aussi, la compensation financière de l’État, déjà bien insuffisante, passera de 340 millions d’euros en 2017 à 280 millions en 2020.
Pour Force Ouvrière, ces deux obligations sont trop peu compensées par l’État, ce qui a de graves conséquences pour la gestion de La Poste : de fortes suppressions d’emplois, la détérioration des conditions de travail et la diminution de la gamme des prestations offertes aux usagers.

Une présence aléatoire

La Poste ferme des bureaux dans toutes les régions, implante certains services dans des supermarchés ou autres commerces, et provoque le mécontentement des usagers, des élus locaux et des postiers. Malgré notre action permanente sur la défense des services publics et des conditions de travail de nos collègues, l’entreprise persiste dans son action de destruction d’un service de qualité pour tous.
En grand nombre, les bureaux sont remplacés par des « Relais Poste » qui, selon leur implantation, sont ruraux ou urbains.
Car le mouvement touche maintenant de plein fouet les villes, où supermarchés et autres commerçants volontaires distribuent les services de La Poste. La loi en encadre le nombre, avec un minimum de 17 000 points de contact sur le territoire, mais pas du tout la forme ni les services proposés par ces derniers.
En 2005, 14 000 bureaux de postes étaient encore en exercice sur plus de 17 000 points de contact.
Au 1er janvier 2017, ils étaient au-dessous de 9 000 !
Selon les chiffres officiels donnés par La Poste, 8 425 bureaux sont actuellement encore ouverts pour 6 234 agences postales communales, 2 697 relais poste commerçants et 40 agences postales intercommunales.
Ça y est, nous sommes passés sous le seuil de 50 % de vrais bureaux poste. Très exactement 48,43 %. Et, encore plus inquiétant, dans 10 départements ruraux, il y a plus de 70 % de partenariat et seulement 30 % de bureaux de plein exercice !
La tendance actuelle avec le projet attractivité du réseau nous fait craindre le pire, avec fermetures et diminutions d’horaires d’ouverture dans toutes les régions.

L’arnaque aux « points de contact »

Comme on a pu le voir, c’est la notion même de point de contact inscrite dans la loi postale de 2010 qui pose problème. L’optimisation et la financiarisation du parc immobilier de La Poste engendrent une recrudescence de relais aussi bien en zones rurales qu’en ville… La Poste orchestre elle-même la fermeture des bureaux de poste de plein exercice.
La méthode ? Rien de plus simple ! La direction de La Poste réduit ou modifie l’amplitude horaire d’ouverture des bureaux de plein exercice pour les rendre inadaptés par rapport aux besoins des citoyens. Ces derniers sont contraints de se tourner vers d’autres « points de contact » plus adaptés.
Conséquence immédiate : une réduction de l’offre au sein de ces bureaux qui sont dans le « collimateur »… jusqu’à leur fermeture et une transposition dans un commerce de proximité locale. >>>

MSAP – Elles permettent de maintenir des bureaux de poste de plein exercice !

Aujourd’hui, les 32 000 communes rurales de France accueillent plus du quart de la population française. Près de 18 millions d’habitants sont en attente de plus de services considérés comme « essentiels ». Les 17 075 points de contact du réseau postal permettent bien à 96,7 % de la population de se trouver à moins de 5 kilomètres et à moins de 20 minutes d’un point de contact La Poste mais la situation est différente pour les populations isolées des zones rurales et de montagne : 39 % de leurs habitants parcourent plus de 20 kilomètres pour avoir accès aux services publics d’autres opérateurs dans un point physique.
Justement, la maison de services au public (MSAP) rassemble dans un même lieu plusieurs services publics. Cet espace mutualisé entre plusieurs opérateurs (CAF, Pôle emploi, etc.), issu d’un partenariat entre l’État, les collectivités et les opérateurs de services publics, permet d’assurer la présence et la qualité des services de proximité dans les territoires, notamment dans les zones rurales et de montagne.
À ce jour, 500 MSAP sont opérationnelles et des discussions sont en cours pour envisager la création de nouvelles. Elles sont considérées comme des bureaux de poste de plein exercice.
Plus concrètement, au sein de ce bureau de poste, il y a un paravent qui cache un ordinateur permettant d’avoir accès aux partenaires de la Mairie comme EDF, la Sécurité Sociale, la CAF, les impôts, Pôle Emploi… Le guichetier postier ne se consacre pas à ces activités sauf si le client est demandeur.
FO déplore qu’il n’y ait pas de publicités autour des MSAP, alors que le besoin de service public et de proximité se fait de plus en plus sentir par des populations qui se sentent à juste titre abandonnés par la République. Les MSAP sont d’ailleurs bien accueillies par les élus locaux. L’idée est que la MSAP puisse se connecter à l’ensemble des services publics. Cela est un moindre mal dans la mesure où 20 % des Français n’ont pas accès à Internet.
Néanmoins, la MSAP ne doit pas prendre le relais d’un point CAF, par exemple, en voie de disparition ou sur le point de fermer. Pour FO Com, les MSAP répondent à un réel besoin et permettent de conserver un bureau de plein exercice et l’emploi d’un postier.

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Un réseau à plusieurs vitesses, destructeur d’emploi

Selon les dirigeants de La Poste, c’est « l’adaptation du réseau à la réalité des territoires et aux besoins de la population ». Selon le P.D.-G. de La Poste, « ce qui change, c’est juste la forme » de la présence postale. Pour FO, c’est inexact !
Cette « adaptation », principalement financière, entraîne malheureusement aussi une diminution du nombre de postiers travaillant en bureaux. L’ensemble du service public postal se décline plutôt selon l’attrait « économique » des territoires.
Au 31 décembre 2016, il y avait 47 125 postiers dans le réseau. Au 31 décembre 2017, il n’y en avait plus que 44 525. Et au 31 décembre 2018, l’objectif de la direction de La Poste est de 42 635… Ceci sans compter les départs naturels à hauteur de 20 % dans les trois ans. Cette spirale du déclin des effectifs dans le réseau des bureaux de poste reflète bien le piège de la notion de points de contact.

Une transformation à marche forcée

Pour contrer la baisse continue des subventions de l’État, La Poste se réinvente et expérimente une large palette de missions dédiées à la « proximité humaine ». Du fait de la non-compensation par l’État des budgets alloués aux missions de service public postal, La Poste se retrouve à facturer de façon trop élevée les nouvelles missions, comme l’octroi de la carte grise jadis géré par les sous-préfectures ou l’aide à la déclaration d’impôt, voire l’inclusion bancaire et numérique. Non seulement La Poste facture au prix fort ses missions de service public (pudiquement appelées par les commissaires européens des missions d’intérêt général) mais, en plus, elle est contrainte de rogner sur la masse salariale. Pour effectuer ces nouvelles missions, par exemple, elle embauche des intérimaires, ou réduit le budget dédié aux conditions de travail, ce qui les détériore logiquement et crée un mal-être chez de nombreux postiers. >>>

La Poste et ses « bureaux sensibles »

Par « bureaux sensibles », il faut entendre « bureaux à forte activité banque sociale » : la clientèle est qualifiée de fragile et effectue des opérations longues à faible valeur ajoutée. De plus, ils sont principalement situés en quartiers prioritaires de la ville (autrefois appelés Zones Urbaines Sensibles ZUS).
La Poste a enfin pris conscience que le métier de postier dans ces bureaux n’est pas exactement le même que dans les autres bureaux de poste. Cette différence est marquée notamment par un flux de clients important avec des files d’attente longues. À cela se rajoutent des problématiques clients plus compliquées les unes que les autres (clients qui vivent des minima sociaux, migrants…). Les Chargés de Clientèle ne sont pas toujours en mesure de répondre favorablement à la demande de cette clientèle, ce qui génère de fait un certain nombre d’incivilités.
Forte de ce constat souvent mis en avant par les organisations syndicales, La Poste décide de traiter la situation et engage des discussions avec les partenaires sociaux.
Concernant ces établissements, il existe des problématiques prioritaires qu’il faut absolument prendre en compte. En premier lieu, les conditions de travail des postiers doivent être améliorées ! Il faut reconnaître les compétences particulières et les efforts déployés au quotidien par les collègues qui travaillent dans ces bureaux.
Enfin, La Poste doit s’interroger sérieusement sur la pénurie de postiers volontaires pour aller travailler dans ces « bureaux sensibles » et y apporter une solution. Elle doit aussi endiguer un absentéisme croissant qui devrait alerter la direction de La Poste.
Au moment où nous rédigeons cet article, les discussions sont encore en cours et portent sur différents sujets. Tout d’abord, la force de travail doit être mieux dimensionnée et doit déboucher sur des créations de postes. La Poste doit pour cela développer l’attractivité du métier avec notamment des évolutions de carrières accélérées et des reconnaissances de compétences par promotions. Compte tenu des « irritants », comme les interminables files d’attente, FO demande des repos supplémentaires qui sont un moyen de réduire une forte pénibilité.
La Poste doit donc s’engager et doit proposer un accord à la hauteur des attentes des postiers qui œuvrent tous les jours dans un contexte particulièrement compliqué.

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Et les postiers dans tout ca ?

Selon FO, La Poste doit rétribuer les postières et les postiers fiers de leur identité, garants du service public, et soumis à une transformation organisationnelle hors normes. La Poste et les postiers qui sont considérés comme des « tiers de confiance », peuvent jouer un rôle essentiel sous certaines conditions de rétribution et de reconnaissance !
Pour ce faire, La Poste doit se donner les moyens humains et organisationnels afin de transformer les essais actuellement testés au sein des territoires. Ainsi, les moyens déployés en termes de formation sont largement insuffisants. Il faut démultiplier ce budget afin de rendre envisageable l’ultra-polyvalence des collègues et notamment ceux qui sont en première ligne : les facteurs et les chargés de clientèle. Les formations sont trop réduites, faites par e-learning et trop souvent proposées sur le temps de travail. Et même si certaines de leurs missions de service public doivent évoluer, FO défend et défendra leur métier, que ce soit dans le réseau des bureaux de poste pour les chargés de clientèle ou sur tout le territoire pour les facteurs et les factrices.
Notre vigilance et nos actions seront primordiales pour la défense de l’emploi, les conditions de travail des postiers, et le service rendu aux usagers.
Pour FO, le compte n’y est pas ! Les missions de service public postal (la distribution du courrier 6 jours sur 7 appelée aussi « service universel », l’aménagement du territoire, l’accessibilité bancaire et la distribution de la presse) sont déficitaires. L’État est fortement complice de la situation financière relativement fragile du Groupe La Poste et doit changer de stratégie afin qu’un service public postal de qualité puisse se renouveler et perdurer.
Tout le monde est d’accord sur le caractère prioritaire et indispensable de la présence de La Poste là où il n’y a plus aucun autre service public, que ce soit en campagne ou dans les zones périurbaines. L’État doit cesser de rogner sur les budgets alloués aux missions de La Poste.
FO continuera de se battre pour que les postiers ne soient pas les grands perdants de cette course à la productivité et cessent de subir une pression insupportable et injustifiée.

Inclusion bancaire : La Banque Postale en appui ?

banque-citoyenneEn novembre 2013, La Banque Postale a lancé « L’Appui », une plateforme téléphonique d’accompagnement bancaire et budgétaire pour ses clients en situation de fragilité financière.
Elle est située au Centre financier de Paris avec des conseillers dédiés et elle compte aujourd’hui plus de 100 000 clients.
Par ailleurs, des bureaux de poste sont bureaux tests sur l’inclusion bancaire par le numérique. L’objectif est de connaître le niveau d’autonomie des clients et ainsi faciliter les accès aux services bancaires via les nouveaux médias.
De plus, des accords sont renouvelés ou signés avec des partenaires comme l’ADIE (Agence pour le Développement et l’Initiative Économique), Habitat et Humanisme, FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) et Créasol. Un accord va d’ailleurs être signé avec ce dernier pour rénover le microcrédit personnel.
L’inclusion bancaire ne s’arrête pas aux clientèles de particuliers. En effet, les Très Petites Entreprises et les professionnels sont concernés : une application mobile va être créée et un parcours digital devrait être mis en place.
Du point de vue de Force Ouvrière, La Poste doit se donner les moyens de mettre en place ces projets d’inclusion numérique. Cela doit devenir une réalité. Dans un contexte de fracture numérique de plus en plus prégnant, il devient urgent de réduire cet écart et tout aussi urgent que l’inclusion numérique devienne une nouvelle mission de service public postal à part entière.
Par ailleurs, FO Com veillera aux conditions de travail des personnels emportés par cette nouvelle vague numérique.

Un bureau dédié à France Terre d’Asile

Le bureau de poste parisien Sainte-Maure (Secteur de Goncourt) est le lieu d’une expérimentation commencée mi-avril 2018. Depuis une dizaine d’années, La Poste est partenaire de France Terre d’Asile, association d’aide aux réfugiés. Une nouvelle concrétisation de ce partenariat : le bureau de poste de Sainte-Maure à Paris est le lieu de cette expérimentation. Il peut recevoir l’après-midi (13h-19h) les personnes envoyées par cette association. Par ailleurs, le projet est appuyé par la municipalité. L’objectif est de répondre présent aux demandes des réfugiés. Ces clients, reçus par le bureau de Gambetta, seront redirigés sur le bureau de Sainte-Maure tous les matins en présence de conseillers et gestionnaires bancaires, uniquement sur rendez-vous. Seules les opérations d’ouverture de livret A seront autorisées. La Poste attend de ce concept cinq mille nouveaux clients par an.
FO Com soutien a priori ce projet permettant aux nouveaux arrivants de pouvoir ouvrir un compte bancaire avec du personnel qualifié.

bureau_facteur

Facteur-guichetier : un métier à consolider !

Le come-back du facteur-guichetier
Jadis, le facteur-guichetier, entendez receveur-distributeur, arpentait dignement nos campagnes en distribuant le courrier.
Avec un lien social indiscutable, il prolongeait sa relation l’après-midi au guichet. Cet agent polyvalent pouvait commercialiser l’ensemble des produits postaux et était à la source du développement local. Lors de la suppression de cette fonction, FO Com s’était élevé afin de dénoncer cette erreur de jugement. C’est donc avec satisfaction et enthousiasme que FO a approuvé le retour du facteur-guichetier !
Objectif : 1 000 !
Au 30 mars 2018, 794 sites sont tenus par des facteurs-guichetiers. La plupart de ces collègues sont issus du courrier : 66 % facteurs, 15 % facteurs d’équipe, 10 % agents courrier, 3 % facteurs qualité et seul 1.2 % sont issus du Réseau.
Quoi qu’il en soit, pour FO, au vu de la responsabilité et les compétences nécessaires, chaque facteur-guichetier doit obtenir a minima le grade II-1, garanti par le protocole négocié.
Risque d’isolement
La Poste veut atteindre son objectif de 1 000 facteurs-guichetiers, mais sans penser aux conditions de travail des agents concernés. Le matin, ils effectuent leur tournée et l’après-midi ils sont au bureau. Cette organisation du travail spécifique a comme conséquence qu’ils ne peuvent pas participer aux Espaces-Temps Communication (ETC). Ils n’ont donc pas ces moments de rencontre avec les collègues du secteur et ne reçoivent pas forcément les comptes rendus de ces réunions. Ils ne sont pas intégrés à l’équipe du réseau et ne se sentent pas appartenir au collectif. De plus, ils perdent pied dans celui du courrier.
Les revendications de FO
Leur suivi managérial est plus complexe. Pour FO, il faut plus de synergie entre les deux métiers pour améliorer leurs conditions de travail. D’un point de vue de la rémunération, chaque facteur-guichetier doit bénéficier de la prime commerciale, y compris les remplaçants. Il doit percevoir le commissionnement (côté réseau) et la prime Facteur d’Avenir (côté Courrier). La coupure méridienne, avec un maximum de 90 minutes, doit aussi être respectée.

Factrices, facteurs, l’évolution de leur métier

De nombreuses raisons poussent La Poste à faire évoluer les missions qui ont jusqu’ici été les siennes, et même à réfléchir sur la mise en place de nouvelles activités afin de compenser l’inéluctable diminution du volume du courrier traditionnel dont elle a la charge. Tout l’enjeu est de bien penser et encadrer ces futures évolutions, de s’engager pleinement sur ces nouveaux secteurs d’activité et de se donner réellement les moyens d’y parvenir. Un enjeu à la taille de l’entreprise qui, en toute logique, va principalement être porté par les acteurs de ces nouveaux métiers : les factrices et les facteurs.

factrice-kaddie

Un contexte fortement anxiogène !

  • Le volume des courriers échangés par voie postale continue de décroître

Pour le courrier traditionnel, concurrencé par les médias électroniques, 2016 a encore été une mauvaise année. Le chiffre d’affaires du courrier a baissé de 2 % et représente désormais moins de 40 % de l’activité postale. La poursuite de la baisse des volumes
(- 5,2 %) n’a été que partiellement compensée par la hausse du prix du timbre, par la croissance de l’international et par le développement des services de proximité.

  • Activités rentables et concurrence exacerbée

Le commerce en ligne, qui monte en puissance, entraîne dans son sillage le marché du colis qui attise bien des convoitises. La Poste reste le leader du secteur en France, mais est cependant défiée par d’autres entreprises. Dans l’Union européenne, où La Poste a
de solides positions, la concurrence des trois géants du secteur (UPS, FedEX et DHL) risque de se faire de plus en plus forte. Et la quatrième directive postale européenne en préparation pourrait encore affaiblir le secteur. (cf. la rubrique sans frontières.)

  • Quid de la responsabilité de l’État actionnaire ?

Pour donner un second souffle à La Poste, l’État actionnaire doit être plus volontariste. Il doit accompagner La Poste sur des projets innovants pour que l’entreprise engage une nouvelle vie dans le monde numérique.
Si La Poste est encore à ce jour considérée comme un pilier du service public en France, l’État actionnaire doit lui donner les moyens nécessaires et assurer l’égalité de traitement des citoyens sur tout le territoire.
Ceci est d’autant plus vrai que se négocie actuellement le contrat d’entreprise 2018-2022 entre l’État et La Poste.

  • La Poste n’est pas assez offensive !

Pour FO, il faut se donner les moyens pour que La Poste devienne une entreprise d’intermédiation sociale et spécialisée dans le service à la personne. Il existe des pistes comme le service «Veillez sur mes parents», mais, pour l’instant, ces activités sont soit trop marginales, soit trop éloignées de celles du métier des facteurs.

Certains parlent de proximité humaine…

  • Ils l’ont dit !

« La Poste va devenir en 2020 la première entreprise de proximité humaine de [France]. » (P. Wahl, PDG du groupe La Poste)
« La Poste est un réseau social, mais avec de vrais gens ! » (N. Collin, DG Adjointe en charge de la communication)
« Notre ambition est d’être le premier opérateur de service de proximité humaine autour du domicile. » (P. Dorge, DG Adjoint en charge de la Branche Services-Courrier-Colis)

  • Quèsaco ?

Tous ces éléments de langage semblent un peu flous. « Proximité humaine », cela aurait pu être le titre d’un roman de l’auteur sulfureux Michel Houellebecq. Il n’en n’est rien ! Si ce n’est pas assez clair, la proximité humaine indique, en deux mots, la stratégie de La Poste, aussi bien dans les médias que dans les éléments de langage des responsables de l’entreprise et que dans son plan stratégique dénommé ambitieusement « La Poste 2020 : conquérir l’avenir ».

  • Il fut un temps…

…où le facteur bavardait avec les usagers, où les guichetiers remplissaient les remises de chèques des usagers… La « proximité humaine » était déjà dans l’ADN de tous les postiers. Cette proximité humaine nouvelle serait plutôt le marqueur d’une contractualisation de pratiques naguère informelles entre le facteur et l’usager. Le « lien de confiance » entre les postiers et leurs clients semble être la « valeur ajoutée » du groupe La Poste.

  • Un nouveau service fortement médiatisé

Dernier exemple en date: « Veillez sur mes parents ». Contre une redevance mensuelle, le facteur passe voir si les parents âgés et éloignés de leurs enfants vont bien lors d’une ou plusieurs visites hebdomadaires… Temps moyen estimé de la visite: sept minutes ! Car, à La Poste, tout est minuté, monétisé, robotisé…

  • Des activités qui interrogent l’identité des facteurs

FO reste méfiante quand on sort du métier de facteur, par exemple lorsqu’il s’agit de portage de repas (comme «Savourez chez vous »). Avec ce service, des conditions d’hygiène spécifiques et surtout le respect de la chaîne du froid doivent être intégrés.
De même, FO s’oppose à certaines expérimentations (telles la récupération de plastiques ou le portage de pain voire de fleurs) et estime que ces expériences doivent faire évoluer naturellement le métier du facteur, comme le font par exemple le portage de médicaments en partenariat avec des pharmacies ou la vigie urbaine (c’est-à-dire le signalement de la dégradation des trottoirs d’une ville ou celui de distributeurs automatiques de billets).
Le métier du facteur ne doit pas être dénaturé, que ce soit en termes de conditions de travail ou d’identité et d’image, au risque d’y perdre sa crédibilité et ce qui fait de lui le 2e personnage public préféré des Français.

Des conditions essentielles pour que La Poste réussisse sa transformation !

  • Vers un contrat de confiance ?

Pour FO, ce contrat doit aussi exister entre La Poste et les facteurs. En France, il y a environ 80000 facteurs et « il n’est de richesses que d’hommes ». Notamment, dans une entreprise de main-d’oeuvre telle que La Poste. Celle-ci doit rétribuer comme il se doit les nouvelles missions proposées aux factrices et aux facteurs.

  • « Simplifier la vie »… des facteurs et des factrices aussi !

Conditions de travail, outils, procédures, relation avec l’encadrement… Tous ces éléments doivent être simplifiés pour motiver les facteurs et leur donner l’envie de s’investir humainement dans ces nouvelles activités.

  • Le temps retrouvé

Le succès de ces nouvelles missions confiées aux facteurs dépendra du temps alloué par La Poste pour les mener à bien. Responsabilisation rime avec liberté d’organisation et non pas optimisation…

  • Pour FO, l’emploi reste la priorité !

Des formations adaptées et de qualité auront pour objectif de maintenir dans l’emploi toutes les factrices et tous les facteurs. Les recrutements doivent s’amplifier. Dans le même temps, des mesures d’âge doivent permettre aux facteurs seniors de transmettre leur savoir dans les meilleures conditions.

Une expérimentation des nouvelles activités des facteurs

Dans les Hauts-de-Seine, la Direction expérimente la création d’une équipe de Facteurs Services Expert (FSE) sur une durée de six mois. Un Responsable Opérationnel (ROP) encadre six FSE. Ces facteurs auront le grade II-2, voire II-3. Leur travail est segmenté en trois zones géographiques (le nord, le centre et le sud du département).
Ces services sont classifiés selon quatre niveaux d’expertise :

  • niveau 1: la remise commentée (le facteur lit un argumentaire lors de la remise d’un pli publicitaire),
  • niveau 2: la dénomination et la numérotation des voies (notamment lorsque des habitations sont construites) et la visite dans le cadre du projet «Veillez sur mes parents »,
  • niveau 3: le premier rendez-vous pour Veillez sur mes parents et l’installation d’ARDOIZ, une tablette destinée aux seniors,
  • niveau 4: la conception de diagnostics (nécessaires lors de la vente d’un bien immobilier).

Comme FO l’avait demandé, cette équipe ne fait pas de distribution de courrier sur les établissements où ils seront pré-affectés à cause du climat social ou d’un taux d’absentéisme élevé. Il existe aussi une garantie de retour pour les collègues au cas où l’expérimentation ne donne pas satisfaction !

Facteurs-guichetiers : le retour

Les premiers facteurs-guichetiers ont été mis en place en août 2013. Ce n’est qu’en avril 2015 que sera validé et signé un protocole de déploiement de ce dispositif. Courant 2016, FO dénonçait des conditions inqualifiables et réclamait l’ouverture de négociations.
Si aujourd’hui il y a de l’amélioration quant à la mise en place de cette fonction, le protocole n’est pas respecté dans sa globalité sur l’ensemble du territoire. Fin septembre 2017, 697 facteursguichetiers étaient en fonction pour un objectif de 1 000 à fin 2017. 496 d’entre eux ont été promu II-1, ce qui correspond, pour un chargé de clientèle, au niveau d’entrée permettant aux agents issus du Courrier/Colis d’y accéder. Notre première revendication est que les facteurs guichetiers bénéficient d’un parcours valorisant.
L’accord National sur « l’amélioration des conditions de travail et sur l’évolution des métiers de la distribution et des services des Facteurs…» signé en février 2017 prévoit l’ouverture de chantiers dont celui de la mutualisation des fonctions avec le Réseau. Il est précisé que « La Direction de La Poste s’engage sur une concertation commune Réseau Courrier, pilotée par les deux métiers ». Nous avons demandé des documents communs aux deux métiers ainsi que des instances communes pour créer une réelle
synergie entre les deux métiers. Nous attendons de ce chantier un rappel des principes de mise en place et des actions concrètes. Si nous avons obtenu le versement de la prime commerciale des chargés de clientèle à hauteur de 0,49% pour les facteurs-guichetiers à partir de décembre 2017 ainsi que le versement du commissionnement pour leur contribution aux résultats des objectifs du Secteur, nos actions se poursuivent pour obtenir la tenue de l’ensemble de la formation avant la prise de fonction et une intégration à celle concernant les incivilités.
La Poste ne se donne pas les moyens réels pour la réussite de ce métier et nous ne parlons pas que des facteurs-guichetiers titulaires mais aussi des remplaçants, les grands oubliés…

La silver economy au coeur de la stratégie de la poste

Veillez sur mes parents !

Au premier abord, ce service qui est au coeur de la silver economy peut être intéressant. Mais avant le chronométrage des tournées, les facteurs veillaient sur les seniors gratuitement. Pour FO, c’est le financement qui pose problème. C’est à l’État d’assurer l’égalité de traitement entre tous les citoyens, notamment les seniors, pour faire face au vieillissement de la population. Comment cette expérimentation se déroule-t-elle sur le terrain? C’est la question que tous les concernés peuvent se poser…

Nous avons interrogé un Facteur Services Expert (FSE) qui gère, pour l’instant, un seul contrat. C’est lui qui fait la visite chez la personne âgée, deux fois par semaine: le lundi et le jeudi. Il reste en moyenne 10 à 15 minutes en fonction des disponibilités. Cette mission demande voire exige de l’implication et le temps octroyé à la personne âgée dépasse largement la moyenne utilisée par la Direction, qui l’évalue à 7 minutes. Cette nouvelle mission si elle est trop minutée pourrait donner une mauvaise image de La Poste. Dans le cadre de ce projet, la formation est un levier à reconsidérer. Effectivement, pour l’instant, les FSE ne se forment que par e-learning. 20 minutes ne peuvent pas suffire pour former aux problématiques du grand âge. Autre contrainte, en cas de gestion de plusieurs contrats, ce n’est plus vivable! De plus, Factéo n’est pas opérationnel pour les personnes âgées. Certains seniors n’arrivent pas à signer sur ce smartphone.
Pour FO :

  • La formation devrait être approfondie en présence de professionnels comme des psychologues, des gérontologues, et d’autres spécialistes.
  • Il faut impérativement plafonner le nombre de contrats «Veillez sur mes parents » par FSE, en termes de temps et de charge de travail.
  • Les outils doivent être adaptés aux seniors.
  • C’est le temps de travail réel qui doit être pris en compte par La Poste. D’où l’importance du chantier «Normes et cadences » (cf. interview).