Et pire encore, grande tromperie !
On en parle beaucoup, c’est dans les cartons du pouvoir. Officiellement il s’agirait, suivant différents scénarios ayant tous le même objectif, de simplifier l’accès à la couverture santé générale afin qu’elle soit plus lisible, plus accessible, qu’aucun français n’en soit exclu et que ça coûte moins cher.
Ces généralités énoncées ne paraissent pas, au premier abord, rébarbatives et peuvent même séduire.
Qui peut être contre le fait de n’exclure personne de la couverture sociale ? Qui ne rêve pas d’une simplification des démarches administratives ? Qui peut s’opposer à l’opportunité de faire des économies d’échelles, profitables à tous ?
Vu sous cet angle, le dessein semble empreint d’un certain pragmatisme et d’une grande générosité et c’est, d’ailleurs, ce que l’on veut nous faire croire. Mais nous ne sommes pas dupes !
Il n’y a aucune philanthropie dans ce projet. Derrière cet affichage trompeur se cache la volonté conjointe du gouvernement et des groupes d’assurance (nationaux et européens) de vouloir anéantir les vraies mutuelles (celles de type non commercial, sociales et solidaires) :
- Le gouvernement, pour s’emparer de leurs avoirs et financer ainsi son nouveau système.
- Les assurances, pour placer, à terme, de nouveaux contrats complémentaires qui demeureraient nécessaires car les déremboursements, qui sont déjà légion, seront de plus en plus nombreux et les dépassements d’honoraires resteront à la charge des assurés.
La mort programmée des mutuelles
Les vraies, celles issues de ces associations indépendantes de personnes solidaires ne professant qu’un seul but : « organiser la solidarité et secourir sans faire de bénéfice ».
À l’opposé des montages commerciaux des banques-assurances qui n’existent que pour gagner de l’argent, elles font de l’ombre aux tenants du libéralisme, du tort à ceux qui n’ont qu’un crédo, engranger des profits.
Alors tout est bon pour essayer de les éliminer, on n’est pas à un scandale près. Depuis plusieurs années, on assiste à leur nationalisation progressive, on les asphyxie en les taxant et en leur faisant porter la majorité du coût des mesures sociales mises en œuvre à grand renfort de publicité telles le 100 % santé et la CMU.
De plus, édictées en 2009, amplifiées en 2016, des règles prudentielles exorbitantes, concernant la gouvernance et la transparence, ont été imposées aux mutuelles de tous types, sous la surveillance d’un « gendarme », l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) qui prétend, non seulement les contrôler, mais aussi les sanctionner.
Taxation, règlementation, main mise de l’État, tous les coups sont permis pour en finir avec ces mutuelles, prétendument beaucoup trop chères et les remplacer par un système universel censément moins coûteux et plus efficace !
Une duplicité sans mesure sur fond de démagogie
Il faut quand même ériger l’hypocrisie en dogme pour évoquer les bénéfices d’une nouvelle organisation en faisant l’impasse sur son financement.
Comment, par exemple, pour couvrir le remboursement des prestations de santé, trouver les 40 milliards que versent les mutuelles (26 milliards) et les assurés (14 milliards) sinon, c’est un véritable hold-up, en volant aux premières leurs fonds propres et en prévoyant, pour les seconds, une augmentation de taxes ou de prélèvement fiscaux.
Pour Force Ouvrière, « améliorer » ne doit pas être synonyme de « détruire » !
Il n’est nul besoin de mettre en œuvre cette grande tromperie programmée qui, malgré les affirmations de ses chantres nous coûterait plus cher sans apporter de réels bénéfices.
Des améliorations du système actuel sont possibles, à commencer par intensifier la prévention et éradiquer les déserts médicaux. La suppression des dépassements d’honoraires permettrait également de tendre vers un modèle plus solidaire et équitable. De même, il est nécessaire de donner aux personnels et services soignants les moyens d’une médecine efficace. C’est même indispensable !
L’enjeu d’aider les retraités à faire face au coût de leurs mutuelles devient de plus en plus fort puisque cette part consacrée à la santé pèse davantage au fil des ans sur les retraités. Instaurer un crédit d’impôt les mettant à égalité des contrats de santé aidés dans les entreprises est une piste intéressante. Enfin, certaines procédures sont parfois des obstacles d’accès pour beaucoup de personnes. La simplification de ces démarches doit être encore plus effective afin que chacun puisse sereinement accéder aux soins désirés.
Force Ouvrière ne se laisse pas abuser par les arguments fallacieux en faveur de ce qui se veut être une « grande sécu » mais reste une « grande illusion », prétexte à organiser la grande évasion des fonds de nos mutuelles. Rien n’est inéluctable ! Ensemble combattons cette « grande sécu ».
Pour le rétablissement plein et entier de la Sécurité sociale
FO réaffirme son attachement aux principes fondateurs de la Sécurité sociale qui reste l’une de nos plus grandes conquêtes sociales fondée sur la solidarité et la cotisation sociale.
Pour FO, les principes fondateurs de notre modèle social doivent demeurer l’égalité et la solidarité pour assurer l’universalité des bénéficiaires et garantir l’accessibilité aux soins de meilleure qualité.
FO s’oppose à une étatisation de la Sécurité sociale et à une approche financière renforcée conduisant à un système d’assistance publique à minima, à une désertification de la présence territoriale des organismes de Sécurité sociale, à la suppression massive d’effectifs et à la disparition de la Mutualité Sociale Agricole.
FO rappelle que la perte d’autonomie constitue un risque au même titre que n’importe quelle maladie. Aussi, FO considère que ce risque doit relever de la branche maladie de la sécurité sociale et s’oppose à la mise à l’écart des retraités et des personnes handicapées de l’assurance maladie, et, par conséquent, d’un des principes fondateurs de la sécurité sociale : la solidarité.