Stress au travail, troubles musculo-squelettiques (TMS), risques psychosociaux, maladies professionnelles, accidents de travail, la santé au travail est plus que jamais une question incontournable dans le milieu de l’entreprise. Il apparaît que les effets négatifs du travail ne touchent pas les hommes et les femmes de la même manière. La santé au travail peut réellement se mesurer qu’en la mettant en perspective avec la place occupée dans l’emploi et le travail, c’est-à-dire avoir une approche en termes de genre[i].
Des statistiques publiées en France par l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de travail montrent qu’entre 2001 et 2016, par exemple, les accidents de travail baissent globalement de 15,1 %. Cependant, cette diminution globale indique des tendances différentes en fonction des sexes. Ils ont progressé chez les femmes de 30,5 % tandis qu’ils ont baissé de 29 % chez les hommes.
D’où proviennent ces inégalités de santé ?
Des distinctions biologiques existent bien évidemment entre les femmes et les hommes et elles provoquent des différences en matière de santé. Il est toutefois important de souligner qu’il y a davantage d’inégalités qui sont dues à la situation sociale et aux conditions de travail des femmes.
Contrairement aux hommes, les femmes sont majoritairement présentes dans des secteurs, métiers et activités de services tels que le commerce, l’aide à domicile, le soin aux personnes, le travail temporaire où la pénibilité du travail est souvent socialement considérée comme une continuité des tâches domestiques et familiales (un travail non rémunéré). Leur exposition aux risques est plus invisible mais pour autant leurs emplois, moins bien rémunérés, peuvent les exposer à des risques plus visibles (travail répétitif, charges lourdes, postures contraignantes, exposition à la violence, à des produits pouvant être nocifs, stress, fatigue au travail, burn-out au travail…).
La charge mentale des femmes au travail est peu prise en compte comme un facteur de risques. D’ailleurs, ces derniers mois, l’impact de la pandémie a eu raison de ces propos puisque la majorité des femmes au contact du public a dû assurer la continuité des services publics engendrant un stress supplémentaire au travail (la peur de la COVID) mais aussi ont été propulsées au devant de la scène pour assurer les activités dites essentielles (commerce, soins dans les établissements hospitaliers). Alors que le monde s’était arrêté, les femmes ont été présentes et continuent de l’être ! Sans oublier, celles qui ont pu assurer leurs activités professionnelles à distance dans des conditions de travail parfois dégradées (absence de matériel informatique professionnel, téléphone, etc.). Elles se sont aussi retrouvées à assumer l’école à la maison du fait de la fermeture des établissements scolaires, des centres de loisirs. Le retour des enfants à la maison a signifié une charge supplémentaire, laquelle a reposé majoritairement sur les femmes.
Vie au travail : quels sont les leviers possibles?
L’entreprise peut agir au travers de politiques de prévention des risques professionnels, qui prennent en compte ces différences d’expositions entre les femmes et les hommes, selon leurs situations de travail, en s’appuyant sur le document unique d’évaluation des risques. La loi 2014 pour l’égalité réelle impose que toute évaluation des risques faite dans l’entreprise doit tenir compte de « l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe ». La négociation collective est aussi un axe important pour améliorer les conditions de travail des travailleuses et également des travailleurs, lutter contre les stéréotypes de sexe et également de genre et toutes formes de discrimination ainsi que de supprimer les inégalités de toutes natures.
FO Com contribue activement à l’élaboration d’accords sur l’égalité professionnelle aussi bien à La Poste qu’à Orange, et agit pour une réelle égalité au sein des entreprises de notre secteur. C’est un combat de tous les instants.
FO Com revendique pour une véritable politique de prévention :
- Une direction de prévention indépendante,
- Un accord socle « santé sécurité et vie au travail » sous l’angle du genre,
- Une présentation des données sexuées des RPS afin d’avoir une analyse des écarts entre les femmes et les hommes.
[i] D’après la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Le mot « genre » sert à évoquer les rôles qui sont déterminés socialement, les comportements, les activités et les attributs qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes.
Violences sexistes et sexuelles à l’encontre des femmes
En raison de la pandémie, 2020 a été une année particulièrement dramatique du fait d’une augmentation importante des violences conjugales. Même si dans le monde du travail comme en dehors, les hommes sont également touchés, les femmes paient un lourd tribut. En effet, ce sont 5 fois plus de violences conjugales qui ont été déclarées en France. À l’échelle de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une augmentation allant jusqu’à 60% du nombre d’appels d’urgences de femmes victimes de violences conjugales en avril par rapport à l’année précédente a été constatée !
Par ailleurs, en France, 20 % des femmes au cours de leur vie professionnelle sont victimes de harcèlement sexuel.
En juin 2019, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) adopte la convention 190 pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des hommes dans le monde du travail et comprend également la violence et le harcèlement fondés sur le genre. Néanmoins, ces dispositions ne peuvent s’appliquer que si les états membres de l’OIT ratifient cette convention et la transposent au niveau des États membres. 4 pays l’ont ratifiés qui sont l’Uruguay, les Fidji, l’Argentine et la Namibie. Le même jour, la recommandation n° 206 concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail a également été adoptée par la Conférence de l’OIT qui vise à compléter les dispositions de la Convention n° 190 et à orienter les politiques des États. En France, à l’époque, des annonces avaient été faites par La Ministre du Travail suite à l’adoption de cette convention. Or, à ce jour, rien n’est fait ! Avec l’appui de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), la Confédération Syndicale Internationale (CSI), la Confédération Européenne des Syndicats (CES) et UNI Europa, FO ne cesse de pousser pour une ratification rapide de la Convention par la France, que ce soit par voie de presse ou par des courriers à la Ministre du Travail ou au Président de la République.