La nouvelle n’est évidemment pas passée inaperçue : le timbre rouge est désormais à ranger dans l’album « collector » des philatélistes. FO Com pense qu’il est bon de rappeler que cette information n’est pas anodine : elle entraînera des conséquences bien plus fâcheuses qu’on ne le pense.
Bien sûr, la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, argument clé systématiquement mis en avant par les entreprises lorsqu’il s’agit de supprimer quelque chose, jouit d’une belle popularité. Alors que La Poste prétend que la disparition du petit carré rouge permettra de supprimer des avions et des camions, elle avance en même temps que sa clientèle écrit de moins en moins et que l’affranchissement en question ne représenterait que 5% du trafic courrier. Comment ces 5% entraîneraient-ils la disparition de nombreuses liaisons ?
Si La Poste peine à quantifier précisément les impacts sur la planète, elle a, en revanche, déjà chiffré l’économie qu’elle fera par ce biais : entre 15 000 et 20 000 emplois et 130 millions d’euros. Si seulement cette somme était répartie entre tous les postiers !
Autre conséquence : Le timbre vert, dernier vestige d’une distribution classique, verra son délai d’acheminement passer de 2 à 3 jours. Dommage collatéral peu évident à cerner non ? Bon, il ne subira pas d’augmentation, pour l’instant… La lettre turquoise vient éclore pour « compenser » tout cela, mais son prix viendra faner l’enthousiasme des plus optimistes : 2€95 !
Au-delà des raisons environnementales sans cesse mises en avant par La Poste afin de justifier ses choix économiques, le remplacement du timbre à l’effigie de Marianne par un process totalement dématérialisé pose question. Outre le fait que cette démarche coûtera 6 centimes de plus (le prix de l’enveloppe et du papier fournis sans doute), le précieux document (de 3 pages maximum) sera, via laposte.fr, envoyé par internet au bureau le plus proche de la destination. Il sera, ensuite, imprimé (en noir et blanc ! pour la couleur, prévoyez 30 centimes de plus) et mis sous pli par un postier local (pour un suivi, ajoutez 50 centimes). Quid de la confidentialité et du piratage, quid de la responsabilité engagée en cas d’erreur ! Et si vous voulez envoyer un chèque ou une feuille de soin ? La Poste vous renvoie au paragraphe précédent.
Enfin, le service public ne serait-il pas, progressivement, en passe de se faire édifier une stèle au musée des antiquités postales ? Est-il besoin de rappeler que l’illectronisme existe dans notre pays (estimé à 13 millions de personnes) et que posséder une connexion internet n’est pas encore obligatoire (une personne sur six n’a pas d’accès) ? Évidemment, le client peut toujours se rendre dans un bureau de poste pour son envoi… Enfin, si tant est qu’il y ait encore un bureau de poste ! Pour FO Com, la dématérialisation ne doit pas être une substitution aux moyens actuels, mais une option supplémentaire.
Tout ça pour dire que si La Poste pense que la fin justifie les moyens, pour notre part, nous estimons que les moyens proposés sonnent la fin d’un service public de qualité au profit d’une stratégie économique faisant fi de l’esprit des postières et des postiers attachés à leur métier.