Dans une précédente parution, nous nous interrogions sur la politique salariale de La Poste devenue « un mille-feuille de plus en plus opaque ». La rémunération et la promotion restent en effet les socles incontournables de la motivation de bon nombre de cadres. Elles constituent des éléments centraux du projet stratégique d’une entreprise à l’égard de tous ceux qui en font le succès et assurent ainsi son avenir. Elles sont aussi des leviers essentiels des managers pour fédérer et motiver leurs équipes. Pour FO, la compréhension par la gouvernance RH de ces enjeux est donc fondamentale.
Les clés du succès … ou de l’échec
Alors que le plan stratégique annonce des mutations qui mettront en tension tout l’encadrement, le rôle de La Poste est de définir, promouvoir et mettre en œuvre les conditions favorables à l’acceptabilité du changement et à la protection des personnels. Or, l’année 2021 est d’ores et déjà marquée par une série de décisions défavorables et pénalisantes pour tous les postiers :
- La prime d’intéressement à zéro,
- Le non-versement de la prime exceptionnelle, dite « prime Macron »,
- L’échec total des Négociations Annuelles Obligatoires (revalorisations salariales) pour lesquelles la direction n’a pas été en mesure d’obtenir la moindre signature syndicale, y compris parmi les organisations traditionnellement les plus « conciliantes ». Les revalorisations 2021 ont donc fait l’objet d’une décision unilatérale à l’opposé des souhaits des organisations représentatives du personnel, et en particulier des revendications de FO.
Contre-productif !
Sur la papier, le processus d’augmentation est censé valoriser les compétences développées sur l’année 2020, mesurées par l’entretien d’appréciation annuel.
Sur le terrain, vous êtes nombreux à nous interpeller sur le fait qu’avec une appréciation correcte, un rôle tenu, voire mieux, votre revalorisation 2021 est de … 0 % !
Ainsi, remplir ses objectifs, tenir parfaitement son poste dans un contexte de plus en plus difficile et anxiogène, ne sont plus suffisants pour vous garantir une augmentation, mais ces missions sont tout juste suffisantes pour maintenir votre salaire. Ce qui revient à dire que votre pouvoir d’achat, lui, est en baisse.
Groupe A : des mesures spécifiques discriminantes
La direction semble assumer une politique salariale discriminante pénalisant la grande majorité de ses forces vives pour privilégier un petit nombre. Alors que l’obsession reste de « favoriser les départs naturels (retraites, TPAS) », les personnels dans la seconde moitié de leur carrière, semblent, selon nos remontées terrain, particulièrement visés par ce dispositif. Cette incongruité est rendue possible par une clause de la décision n°59 du 9 mars 2021 (voir le BRH), précisant que pour les groupes A, « l’enveloppe ne peut être utilisée pour octroyer des augmentations salariales inférieures à 1 % » .
Retrouver le chemin du consensus ?
Pour FO, cette méthode n’est pas la bonne. Nous vous invitons à nous communiquer vos revalorisations afin d’alimenter nos échanges avec la direction. Nous demandons dès maintenant une audience afin de comprendre les conditions de mise en œuvre des revalorisations 2021. La Poste doit réfléchir au sens de sa politique salariale, sauf à vouloir créer les conditions de la défiance.
Nous souhaitons des règles équitables, transparentes dans le cadre d’une écoute réelle, d’un dialogue social apaisé, privilégiant la négociation et l’émergence d’accords innovants au bénéfice du plus grand nombre. C’est cela avoir une ambition collective !