Les soft skills, c’est le nouveau nom donné aux « compétences comportementales » ou « savoir-être », que tout salarié est présumé posséder. Des « compétences » censées permettre aux salariés de s’adapter et de bien se comporter partout… Tous ces « soft skills » ont un point commun : la grande difficulté à être évaluée de manière rationnelle.
En janvier 2020, l’enquête LinkedIn Learning présente bien l’esprit d’équipe comme une des cinq soft skills les plus recherchées par les employeurs. Mais elle met aussi en avant la gestion du temps, la persuasion, la rédaction et la créativité, l’adhésion à la politique de l’entreprise. « Ces notions se distinguent par leur caractère subjectif et leur imprécision. Elles sont suffisamment vagues pour permettre tout et n’importe quoi en matière de gestion des ressources humaines et peuvent être par exemple utilisées pour habiller un licenciement douteux ».
« On assiste à la multiplication des critères comportementaux dans les évaluations professionnelles depuis 10 ans. Ces critères sont subjectifs, non quantifiables et propices à une évaluation arbitraire… »
Quels sont les problèmes soulevés par les soft skills ?
D’abord, elles ont tendance à sortir les compétences techniques des critères d’évaluation. Or celles-ci sont mesurables et quantifiables, alors que les soft skills échappent à ces règles et sont au contraire susceptibles de laisser libre cours à une hyper subjectivité de l’évaluation.
Par exemple, un manager proactif va exiger plus de proactivité de la part de ses collaborateurs qu’un manager moins sensible à cette notion, alors qu’il n’y a pas de norme possible en la matière. Enfin, les soft skills sont transversales. C’est-à-dire qu’elles sont valables pour tout le monde, quel que soit le métier et les compétences techniques mises en œuvre.
Cette exigence identique pour tous accroît la perte de sens ressentie par les salariés…
L’homme étant un animal social, les savoirs-être et comportements individuels sont importants dans la vie de tous les jours, et pas seulement au travail. « Mais attention, ne laissez pas dire qu’il s’agit de compétences », avertit Tanguy d’Orange, expert chez Syndex, un cabinet de conseil aux élus. Et d’affirmer que « lorsqu’un manager ou une direction a besoin de compétences techniques, ils savent les reconnaitre et les rémunérer correctement.» Mais curieusement, les soft skills s’imposent souvent quand les métiers s’appauvrissent sous les coups des systèmes experts.
Retrouver le dossier spécial sur les soft skills dans le numéro spécial de la lettre FO cadres n°176 : [Lire la lettre des cadres n°176]