L’avenir de La Poste passe par l’avenir des postiers !

Depuis plusieurs années maintenant, La Poste doit s’adapter aux transformations économiques et sociétales engendrées par le développement des technologies et de l’internet qui ont modifié totalement les métiers et l’organisation. Les postiers, qu’ils soient facteurs, conseillers clientèles, agents des PIC ou du colis, des services financiers, du back-office et des services supports, mais aussi commerciaux du Courrier comme du Réseau, managers et cadres… sont de plus en plus sollicités.


Mais que veut dire « s’adapter pour La Poste » ? Demander toujours plus avec moins de moyens ! Cela se traduit par des réorganisations incessantes et des fermetures de site, des effectifs en baisse, la précarisation de l’emploi et une dégradation générale de l’environnement de travail.
Pour FO, s’adapter, c’est travailler avec les outils modernes, c’est s’assurer de nouvelles activités pour remplacer celles qui disparaissent. Mais aussi assurer de meilleures conditions de travail pour tous les postiers et postières qui s’investissent toujours plus et qui sont les principaux acteurs de cette transformation.
Leurs efforts méritent d’être reconnus de façon plus juste et plus gratifiante. Cela passe, entre autres, par l’augmentation significative de leur pouvoir d’achat, une charge de travail plus équilibrée et donc des embauches, un épanouissement au travail et une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle…

L’avenir de La Poste se joue aujourd’hui

Comme constaté depuis des années, la baisse du Courrier se poursuit : plus de 7 % par an. En 2020, le courrier ne devrait représenter que 20 % du chiffre d’affaires de l’entreprise. Parallèlement, grâce à l’essor du e-commerce, l’activité Colis/Express s’amplifie notablement avec près de 9 % d’augmentation en France et plus de 10 % en Europe. Depuis plusieurs années, la « bancarisation » est un axe de développement du Groupe La Poste et devrait s’accentuer avec la création d’un pôle financier public.

Groupes multimétiers

La Poste a su résister aux aléas de l’économie, grâce à ses caractéristiques, son histoire ainsi que les hommes et les femmes qui la composent. Mais elle confrontée à une transformation rapide et doit, pour perdurer, répondre aux nouvelles attentes et besoins des citoyens. « Veiller sur mes parents », services à la personne, silver economy, inclusion numérique, Code de la route, collecte et recyclage des papiers de bureaux (Recygo), présence postale et maison de services au public… autant de pistes explorées par la direction de La Poste pour renouveler le métier des postiers. Mais également autant de difficultés pour ses agents qui doivent faire face à ces nouvelles missions au quotidien avec un manque de moyens matériels et humains parfois criants.
Tournées à rallonge, manque de formation, pénibilité, pression des objectifs, cadences infernales, matériels obsolètes, absence de moyens de rem-placement… tels sont les problèmes rencontrés par les postières et les postiers sans que la direction n’en prenne toute la mesure. Et cela, malgré les alertes répétées des représentants du personnel et de FO.

L’amélioration des conditions de travail, notre priorité

La santé et les conditions de travail sont un véritable enjeu, aussi bien pour l’équilibre des postiers que pour la santé économique de La Poste. Absentéisme, recrudescence des acci-dents du travail, pénibilité, troubles musculo-squelettiques (TMS), risques psychosociaux, incivilités… sont mal-heureusement devenus monnaie courante. Si La Poste, dans ses discours et déclarations, semble prendre en compte ces problématiques, cela ne suit pas dans les faits ni dans les actes.effectifs

  • Taux d’absentéisme et accidents de travail en hausse

Le bilan social 2017 de l’entreprise La Poste a été présenté en Comité Technique National cet été. Et le moins qu’on puisse en dire, c’est que certains chiffres sont alarmants : ceux concernant l’absentéisme et les accidents de travail avec arrêt.
Le taux d’absentéisme pour maladie ne cesse d’augmenter ! De 6,65 % du personnel en 2015, il atteint 6,94 %en 2017. Cela représente la bagatelle de 6 093 077 jours d’absence pour maladie, tout personnel confondu. Les organisations de travail jouent un rôle essentiel sur ce sujet. De meilleures conditions de travail avec le personnel nécessaire amélioreraient de façon notable la santé des agents au travail. De plus, l’absentéisme des postiers revient à des centaines de milliers d’euros pour l’entreprise. Dès lors, il semble inutile de creuser davantage pour démontrer qu’il y a là aussi un véritable enjeu pour contribuer à la santé de l’entreprise. Alors que le nombre d’agents de La Poste ne cesse de baisser (9 348 agents de moins qu’en 2016, soit 214 697 agents), le nombre de journées d’absence pour accident de travail ou de trajet ne cesse d’augmenter. En 2015, nous avions 267 456 jours d’absence, en 2016 nous étions à 568240 jours et, en 2017, cela atteignait 573 780 jours ! Certains cris d’alarme sont moins flagrants…
Il s’agit sans conteste d’une véritable alerte concernant les conditions de travail et de sécurité. Il serait grand temps que La Poste réagisse.
Pour Force Ouvrière, la prévention est l’un des paramètres incontournables afin d’assurer la bonne santé physique et mentale des agents. La santé et la sécurité au travail sont des obligations de l’employeur, La Poste n’a pas le droit de pas l’oublier.
Pour FOCom, la prévention et l’amélioration des conditions de travail doivent devenir des priorités pour la direction de La Poste. Étant une entre-prise de main-d’œuvre avant tout, elle doit mettre en place une politique digne de ce nom pour préserver la santé et le bien-être des postières et des postiers.

  • Le CHSCT : un outil précieux à conserver.

Grâce au Comité d’Hygiène Sécurité et Condition de Travail (CHSCT) qui est un outil au service de tous, La Poste peut améliorer la prévention et garantir une meilleure santé au travail de ses agents. Lors des prochaines élections professionnelles, chaque postière et postier de La Poste, en votant FO, a la possibilité de rendre cet outil efficace.
Force Ouvrière, fidèle à ses valeurs, œuvre dans les CHSCT afin d’améliorer la réglementation en termes de sécurité au travail et les moyens donnés à l’action des représentants du personnel pour agir par des mesures préventives et correctives.
Les missions du CHSCT peu-vent être définies comme étant, entre autres choses :

  • de contribuer à la protection physique et mentale ainsi qu’à la sécurité des travailleurs de l’établisse-ment, comme de ceux mis à disposition par une entreprise extérieure,
  • de contribuer à l’amélioration des conditions de travail, notamment en vue de faciliter l’accès des femmes à tous les emplois et de répondre aux problèmes liés à la maternité,
  • de contrôler la mise en œuvre des dispositions législatives et réglementaires relevant de son domaine de compétences,
  • de formuler des propositions de mesures de prévention, de sécurité et d’organisation des premiers secours.

Les prochaines élections professionnelles serviront à déterminer une représentativité locale. De ces résultats, dépendra le nombre de sièges attribués à chaque organisation syndicale. De toutes les instances de représentation du personnel, le CHSCT, de par sa proximité avec le terrain, est celui qui a le plus de leviers pour améliorer le quotidien des agents. Force Ouvrière, en organisation responsable, désigne et forme des représentants compétents pour œuvrer au sein du comité, conformément aux missions qui leur sont attribuées. La défense de vos conditions de travail commence par ça. Le CHSCT est un véritable outil de prévention de la santé et sécurité au travail. Il ne doit pas être galvaudé. FO continuera de se battre pour le préserver avec toutes ses prérogatives.

L’emploi doit progresser !

Depuis plus de dix ans, La Poste s’est malheureusement inscrite dans une logique de suppression drastique d’effectifs: au moins 8000 suppressions d’emploi par an! C’est une logique pure-ment comptable qui doit être combattue. Et c’est ce que nous ne cessons de faire. FO demande des recrutements de postiers avec des emplois pérennes.
Pour exemple, avec l’accord Courrier signé par FO en 2017, près de 5 000 embauches à la distribution ont été faites. 1 500 personnes ont également été embauchées au sein du réseau des bureaux de poste. Mais ces embauches ne comblent que partiellement les suppressions de postes…
Par ailleurs, il y a une utilisation croissante des CDD (contrats à durée déterminée). Les chiffres du bilan social 2017 sont révélateurs: en 2015, il y avait 19824 CDD; en 2016, ce nombre augmentait à 22,461 jusqu’à atteindre presque 24 000 CDD en 2017. De plus, on constate une utilisation croissante de l’intérim, dont le nombre a doublé en deux ans (en 2015, ils sont 4727 et, en 2017, ça passe à 9 161). Notre revendication est claire: l’utilisation des CDD et de l’intérim doit être exceptionnelle et ne doit pas être une technique de gestion habituelle. Il faut transformer les emplois précaires en CDI, que ce soit pour les alternants, les CDD et les intérimaires.
Par ailleurs, une autre forme de précarité se développe sournoisement au sein de l’entreprise: la sous-traitance. Par exemple, au Colis, en Île-de-France, 80 % de l’activité livraison est effectuée par des sous-traitants qui n’ont pas les mêmes droits et avantages que les postiers.
Toutes ces formes de précarisation ne correspondent absolument pas au modèle social de La Poste que FO souhaite. Pour FO, les embauches doivent continuer et même s’accélérer dans tous les métiers, au vu des défis qui attendent La Poste.

Le pouvoir d’achat, notre combat !

Pour FO, l’augmentation générale des salaires et la revalorisation du point d’indice est une urgence économique et sociale ! Depuis trop longtemps les postiers sont les laissés-pour-compte d’une politique salariale qui se veut ambitieuse.
À La Poste, plus de la moitié des effectifs appartient aux classes I et II. Plus de 75000 postiers sont dans la classe I. Or, la classe I affiche un triste record : les salaires sont très bas et peuvent même se rapprocher du SMIC. C’est pourquoi FO revendique que le grade II.1 devienne le grade de base. D’après le bilan social 2017, plus de 33 % des postiers touchent une rémunération mensuelle nette infé-rieure à 1600 euros. Pour FO, ce nombre est révélateur. Nous revendiquons un salaire minimum mensuel net au moins égal à 1 600 euros.
Responsable, FO a signé l’accord intéressement qui a permis d’obtenir du plus pour beaucoup de postiers. En 2017 il s’est élevé à 440,81 €nets (+16 % de plus qu’en 2016), et les critères de déclenchement sont plus favorables pour les postiers. Mais pour FO, syndicat de la feuille de paie, c’est loin de répondre à l’ensemble des besoins. C’est pourquoi nous demandons avant tout un 13e mois pour tous les postiers et les postières. Pourquoi ? Parce que la transformation de La Poste créée des turbulences dans les conditions de travail et entraîne surtout la transformation de tous les métiers de La Poste. Les efforts des postiers et leur investissement doivent être récompensés à leur juste mesure. Autres données importantes : plus de 40 % des postiers ont entre 50 et 59 ans. Les dispositifs de fin de carrière doivent s’amplifier et doivent être plus sécurisantes. FO a obtenu que le TPAS soit désormais reconduit chaque année. Cependant, ses conditions ne sont pas pas assez incitatives. 70 % de la rémunération, ce n’est pas assez ! FO demande que chaque salarié qui souhaite partir en TPAS obtienne 80 % de sa rémunération.

Fusion Banque Postale et CNP Assurances : FO RESTE VIGILANTE !

Le ministre de l’Économie a annoncé le 30 août la création d’un grand pôle finan-cier public par le rapprochement de La Banque postale et de l’entreprise publique CNP-Assurances, filiale du groupe public Caisse des dépôts et consignations (CDC). La CDC qui détient 40,8 % du capital de CNP Assurances deviendrait l’actionnaire majoritaire du groupe La Poste avec un peu plus de 67 % des parts contre 26,32 %à l’heure actuelle.
L’opération, destinée à permettre au Groupe La Poste de trouver de nouvelles sources de revenus (près de 6 milliards d’euros), devrait être concrétisée avant la fin 2019.
FO Com accueille comme une nouvelle porteuse d’espoir pour les postiers l’annonce d’un grand pôle financier public, qu’elle réclame depuis longtemps. En revanche, la vigilance s’impose pour garantir la pérennité et l’accroissement des missions de service public assurées chaque jour par l’ensemble des postières et des postiers. FO Com refusera l’ouverture du capital de La Poste à des passagers clandestins, à des capitaux privés, via des cessions de capital ultérieures.
Autre préoccupation de FO Com: la frénésie de fermetures des bureaux de poste par la direction de l’entreprise, est totale-ment incompatible avec le grand projet d’une banque pour tous à la fois compétitive et proche de ses clients sur l’ensemble du territoire. La Poste a raison d’assurer son avenir mais elle doit aussi assurer celui des postières et des postiers, car ce sont bien eux qui créent chaque jour la richesse de l’entreprise!
Aujourd’hui, ce changement de gouvernance doit s’opérer dans le respect des personnels, de leur emploi et de leurs conditions de travail. Là aussi, FO compte bien, une fois de plus, peser dans les négociations pour obliger La Poste à revoir sa stratégie basée le plus souvent sur la productivité.

Les incivilités, un mal à endiguer

Elles aussi sont en constante augmentation: 17400 incivilités déclarées en 2017 contre 15 900 en 2016, soit 9 % de plus !
92 % des accidents du travail liés aux agressions ont lieu en bureau de poste. Le nombre de signale-ments ne cesse d’augmenter et le baromètre social confirme ce sentiment d’insécurité. Différents cas génèrent des incivilités dans les différents métiers de La Poste. Cela peut être lié à une panne, un manque d’informations concernant la fermeture ou les travaux d’un bureau, le mécontentement d’un client dans le service rendu par La Poste, une attente trop longue au téléphone…
Pour FO, il est important de régler surtout les causes, racines des incivilités liées aux organisations de tra-vail. Pour cela, le rôle des CHSCT est prépondérant. FOCom demande à l’entreprise de nous commu-niquer tous les indicateurs afin de faire ressortir les véritables causes des incivilités. Les agents ne sont pas les seuls responsables des situations malheu-reuses rencontrées à La Poste. Afin de faciliter les relations avec les clients, FO revendique plus de postières et de postiers et moins… d’automates!Un premier pas est fait avec l’accord sur les bureaux sensibles signé par FO en juin 2018.

Le service public ne doit pas être le parent pauvre de cette transformation.

Pour Fo, le compte n’y est pas !

Les missions de service public postal (la distribution du courrier 6 jours sur 7 (appelée aussi «service universel»), l’aménagement du territoire, l’accessibilité bancaire et la distribution de la presse) sont déficitaires. L’État est fortement complice de la situation financière relativement fragile du Groupe La Poste. Les grandes manœuvres financières en cours ne doivent pas encore affaiblir le service public postal. Bien au contraire elles doivent permettre de le faire perdurer, le renouveler et améliorer sa qualité.
Il faut cesser de rogner sur les budgets alloués aux missions de La Poste. Que ce soit en région ou dans les zones périurbaines, la présence de La Poste est prioritaire et indispensable. Pour beaucoup c’est l’unique point d’entrée pour accéder au service public, là ou l’État s’est malheureusement déjà désengagé. Le coût des missions de service public n’est pas compensé avec toutes les conséquences qui en découlent. D’une part, La Poste facture de façon trop élevée les nouvelles missions. D’autre part, elle est contrainte de rogner sur la masse salariale ; de manière plus claire: supprimer des emplois !
En plus, pour effectuer ces nouvelles missions, elle embauche des intérimaires. Pire encore, par souci d’économie, elle réduit le budget dédié aux conditions de travail, ce qui les détériore logiquement et crée un mal-être chez de nombreux postiers.
Selon FO, La Poste doit rétribuer les postières et les postiers fiers de leur identité, garants du service public, et soumis à une transformation organisationnelle hors normes. La Poste et les postiers qui sont considérés comme des « tiers de confiance », peuvent jouer un rôle essentiel sous certaines conditions de rétribution et de reconnaissance !
Pour ce faire, La Poste doit se donner les moyens humains et organisationnels afin de transformer les essais actuellement testés au sein des territoires. Ainsi, les moyens déployés en termes de formation sont largement insuffisants. Il faut démultiplier ce budget afin de rendre envisageable l’ultra-polyvalence des collègues et notamment ceux qui sont en première ligne : les facteurs et les chargés de clientèle. Les formations sont trop réduites, faites par e-learning et trop souvent proposées sur le temps de travail. Et même si certaines de leurs missions de service public doivent évoluer, FO défend et défendra leur métier, que ce soit dans le réseau des bureaux de poste ou sur tout le territoire.
Notre vigilance et nos actions sont primordiales pour la défense de l’emploi, les conditions de travail des postiers, et le service rendu aux usagers. FO continue de se battre pour que les postiers ne soient pas les grands perdants de cette course à la productivité et cessent de subir une pression insupportable et injustifiée.

PERSPECTIVES 2019– 2023

Outre les grands rendez-vous que sont les négociations des accords, FO Com demande à la direction des avancées significatives sur des sujets relatifs à l’organisation et aux conditions de travail. Ainsi, nous militons pour que les départs massifs à la retraite n’aient pas d’impact sur les conditions de travail, en particulier grâce aux embauches en CDI.
Pour FO Com, le collectif de travail est une valeur à réinventer, à redynamiser, face à la montée – voulue ou subie – de l’individualisme. Il est le fondement du tissu social, du bien-être, de la créativité et du sens au travail.
Pour FO, défendre les intérêts des col-lègues passe par notre indépendance, qui garantit la liberté de nos positions et de nos décisions. Nous ne signons un accord, tant avec le Gouvernement qu’au sein de La Poste que s’il est réellement bénéfique aux salariés. Et, chez Force Ouvrière, nous nous opposons aux projets dangereux pour le droit du travail.
Notre force dépend de l’aide et du poids que les salariés de La Poste vont apporter à une organisation syndicale telle que la nôtre qui n’a de cesse de promouvoir une vision humaine et donc plus efficace de l’entreprise.